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Le symbole est aussi fort qu’inquiétant : la production industrielle des quatre premières économies européennes est dans le rouge. Selon des données de l’agence publique Eurostat révélées le vendredi 13 septembre, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne enregistrent, sur un an, une baisse de leur production de biens d’équipement et de consommation durables. Au-delà de ce premier carré, la tendance frappe l’ensemble du Vieux Continent.

Entre juillet 2023 et juillet 2024, la production industrielle a diminué de 2,2 % dans la zone euro et de 1,7 % dans l’Union européenne (UE). Mais sur cette période, les baisses les plus fortes enregistrées par Eurostat ont concerné la Hongrie (− 6,4 %), l’Allemagne (− 5,5 %), l’Italie (− 3,3 %) ou la France (− 2,3 %). Quelques pays, moins nombreux, affichent à l’inverse des performances en hausse ; c’est le cas du Danemark (+ 19,8 %), de la Grèce (+ 10,8 %) ou de la Finlande (+ 6,4 %).

Le recul observé témoigne du manque de compétitivité de l’industrie européenne face à la concurrence américaine et asiatique, au moment où l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, s’est inquiété, dans son rapport remis le lundi 9 septembre à la Commission européenne, du « décrochage » de l’UE par rapport à la Chine et aux Etats-Unis ; les Vingt-Sept se condamnent à une « lente agonie » s’ils ne réagissent pas, dit-il.

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Les industriels européens pâtissent notamment d’une demande intérieure atone, d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, mais surtout d’un contexte énergétique bouleversé depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, et la fin de l’accès au gaz russe bon marché. « L’UE est confrontée à des prix moyens de l’énergie près de deux fois plus élevés qu’aux Etats-Unis et en Chine. C’est un handicap majeur et structurel en matière de compétitivité et de productivité industrielle », explique Raphaël Trotignon, responsable du pôle énergie-climat à l’institut économique Rexecode.

Outre-Rhin, la mauvaise santé de l’industrie a des effets dans les Etats d’Europe centrale – en Roumanie, en République tchèque et en Bulgarie, des pays très dépendants de l’automobile allemande. De son côté, la France accumule les retards : niveau de croissance par habitant, déficits du commerce extérieur et des finances publiques… les indicateurs sont mauvais. Le début de réindustrialisation enclenché depuis quelques années subit un ralentissement net ces derniers mois. Un défi pour le nouveau gouvernement de Michel Barnier et l’arrivée à Bercy d’Antoine Armand et du ministre délégué à l’industrie Marc Ferracci, nommés samedi 21 septembre.

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