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Histoires Web vendredi, septembre 27
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La Géorgie serait-elle la véritable nation du vin ? « Les Géorgiens appellent leur pays “Sakartvelo”, ce qui signifie “le pays des vendanges” », répond Natia Jokhadze, qui travaille pour le groupe de vins et spiritueux Marussia Beverages, à Tbilissi, la capitale du pays. « Ici, tout le monde fait un peu de vin avec le bout de vigne de son jardin », poursuit la trentenaire, qui a été initiée par sa famille.

Précisément pour cette raison, dans ce pays où les productions familiales et commerciales se mêlent, les chiffres officiels de la viticulture géorgienne sont difficiles à établir. « La frontière entre production professionnelle et domestique est très poreuse en Géorgie. Le vin consommé par les habitants est souvent produit par eux-mêmes, un parent, un ami, un voisin… et bu dans l’année de sa production », confirme Christophe Lavelle, chercheur au CNRS et auteur d’A la découverte des vins géorgiens (Apogée, 2023). Néanmoins, on estime la surface des vignes géorgiennes à quelque 55 000 hectares pour une production de 1,9 million d’hectolitres, dont plus de la moitié est consommée localement.

Dans ce petit pays coincé entre ­l’Europe et l’Asie, qui compte seulement quatre millions d’habitants, le vin s’inscrit depuis toujours dans la culture. La vigne est partout ; elle se répand même en ville, sur les façades des maisons de Tbilissi. Avec l’Arménie, la Géorgie se dispute la première domestication de la vigne, il y a onze mille ans. Mais s’il est bien établi que le vin est apparu dans le Caucase, il importe moins de savoir qui a commencé que comment il a subsisté. Et, en la matière, la Géorgie est bien la nation qui possède la plus longue histoire. Soit huit mille ans d’élaboration de vin, attestés par les plus récentes découvertes archéologiques.

Un savoir-faire millénaire

Grâce à ce riche passé, le pays arbore aujourd’hui avec fierté le plus grand nombre de cépages au monde : plus de cinq cents différents cultivés de nos jours. Elle est aussi à l’origine d’une méthode de vinification originale, qui remonte à la nuit des temps, réalisée en kvevri, ou qvevri, et depuis 2013 inscrite au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. De forme ovoïde, ces récipients sont de larges jarres en terre cuite enterrées dans le sol. Une fois les raisins versés dans ce contenant, on le scelle plusieurs mois pour les laisser fermenter naturellement. Un savoir-faire transmis en famille et récemment professionnalisé qui bénéficie depuis dix ans d’un engouement mondial, notamment en France et en Italie, à travers les fameux vins orange.

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