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Histoires Web vendredi, octobre 17
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Le temps a cristallisé le printemps 1983 en cinq mots désormais figés : « le tournant de la rigueur ». Trois ou quatre semaines durant lesquelles le président François Mitterrand et la gauche au pouvoir ont hésité sur la politique à suivre, avant de lancer un plan d’austérité pour faire face à des déficits croissants. Dans l’imaginaire collectif, ce « tournant » de mars 1983 marque le retour brutal à une forme d’orthodoxie budgétaire, et la conversion des socialistes à l’économie de marché.

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Un tournant ? « C’est avant tout d’un non-tournant ou d’un tournant non pris qu’il s’est agi », corrige Frédéric Bozo, professeur d’histoire contemporaine à la Sorbonne-Nouvelle, dans une étude approfondie sur ces quelques semaines devenues mythiques. Une analyse inattendue et convaincante, s’appuyant sur de nombreuses archives inédites, mais desservie par une écriture un peu contournée, qui va rarement droit au but.

Dans Le Tournant de 1983, une histoire politique (Odile Jacob, 430 pages, 29,90 euros), une véritable somme, Frédéric Bozo livre un récit détaillé, parfois heure par heure, de ce mois durant lequel tout a vacillé. Le 13 mars, la gauche, au pouvoir depuis deux ans, essuie une défaite aux élections municipales, sérieuse quoique moins sévère que ce qu’elle redoutait. Cette secousse politique intervient dans une situation économique tendue. Le franc est attaqué.

Nouvelle dévaluation du franc

A l’Elysée, François Mitterrand s’interroge. Faut-il prendre des mesures de rigueur pour redresser le cap, comme le lui conseillent le premier ministre, Pierre Mauroy, et le ministre de l’économie, Jacques Delors ? Ou plutôt quitter le système monétaire européen (SME) et opter pour une « autre politique » assez floue, ainsi que le propose une partie de son entourage, en particulier Pierre Bérégovoy, Gaston Defferre, et quelques « visiteurs du soir » dont l’industriel Jean Riboud et l’homme de presse Jean-Jacques Servan-Schreiber ?

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