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Histoires Web dimanche, septembre 22
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Une arrivée en catimini

Longtemps habitué aux vivats des amateurs des fêtes maritimes, le Shtandart s’est discrètement approché de l’île d’Aix (Charente-Maritime), le 30 août, après avoir erré tout l’été au large des côtes bretonnes. Cette fois encore, ce navire historique russe et son équipage de sept marins – cinq Russes, un Belge et un Français – ont interdiction de rallier les côtes. Cela fait deux ans et demi déjà que le Shtandart est ballotté de port en port dans toute l’Europe, victime des sanctions européennes qui frappent la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine, en février 2022. « Ce qui nous arrive est très injuste, la situation du bateau est critique et l’équipage souffre », s’alarme le capitaine et propriétaire Vladimir Martus, joint par M Le magazine du Monde.

Une fierté internationale

Construit par des bénévoles entre 1994 et 1999 pour former de jeunes Russes à la navigation traditionnelle, ce trois-mâts de 34 mètres de long est la réplique exacte d’une frégate de l’ancien tsar de Russie Pierre le Grand. « Le bateau a été bâti selon les méthodes de construction navales anglaises, si bien qu’il incarne aussi l’héritage européen », précise le capitaine Vlamidir Martus. Le Shtandart se repère de loin grâce à sa taille imposante, sa coque orange et le lion coiffé d’une couronne dorée qui lui sert de figure de proue. Depuis sa mise à l’eau en 2000, le navire participait régulièrement aux grands rassemblements de vieux gréements comme celui de Brest, l’Armada de Rouen ou Les grandes voiles du Havre.

Une victime de la guerre

Le Shtandart hivernait paisiblement au large de la Grèce quand l’armée russe a envahi l’Ukraine. Plusieurs marins ukrainiens quittent alors le bateau pour rejoindre le front. En avril 2022, la fermeture des ports européens aux navires battant pavillon russe est décrétée, ce qui entraîne une annulation de sa tournée estivale. Dans le collimateur de plusieurs associations pro-ukrainiennes, le voilier a connu depuis une succession de rebuffades, comme en avril à Castellón, en Espagne, où il a été jugé indésirable comme un peu partout ailleurs en Europe. Son capitaine, de nationalité russe mais fier de ses origines ukrainiennes, se présente pourtant comme un opposant au régime, hostile à la guerre. « Nous avons quitté la Russie en 2009 car nous subissions déjà des attaques d’amis de Poutine qui voulaient saisir le navire », plaide-t-il, mettant en avant le changement de pavillon du Shtandart, qui navigue sous le drapeau des îles Cook depuis le printemps.

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