Les entreprises tricolores qui escortent Emmanuel Macron pour sa visite d’Etat de trois jours en Arabie saoudite ignorent encore si elles repartiront avec de juteux contrats dans leur musette. Pour l’heure, la France a capitalisé sur le seul atout que l’embrasement du Moyen-Orient ou le retour de Donald Trump à la Maison blanche ne risquent pas de compromettre : la culture. Un ingrédient-clé dans la vaste opération de transformation sociétale engagée par le prince héritier Mohammed Ben Salman pour diversifier son économie et redorer son image désastreuse en matière de droits de l’homme. Mardi 3 décembre, à la veille d’une probable chute du gouvernement de Michel Barnier, la ministre de la culture, Rachida Dati, et son homologue saoudien, le prince Badr Bin Farhan Al Saoud, ont annoncé neuf accords d’ingénierie culturelle dans des domaines couvrant aussi bien l’archéologie, le cinéma que la photo.
Depuis le mois de février, les deux ministres se sont entretenus à trois reprises pour relancer le partenariat franco-saoudien au-delà du site nabatéen d’Al-Ula, dont l’aménagement a fait l’objet d’un accord bilatéral signé en 2018. « L’Arabie saoudite a de gros besoins en infrastructures et en formation, et elle voit dans la France un système centralisé donnant accès à une profondeur de ressources », fait-on valoir Rue de Valois.
Depuis vingt ans déjà, sous la houlette de l’infatigable Laïla Nehmé, les archéologues français fouillent le désert ocre d’Al-Ula, témoin d’un passé préislamique longtemps nié. Le nouvel accord signé le 3 décembre prévoit une expertise de l’Institut national de recherche archéologique préventive (Inrap), notamment pour des excavations à mener dans la nouvelle ville de Qiddiya, où doit émerger un gigaprojet consacré au sport et aux loisirs.
Sites patrimoniaux
Une convention avec l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (Oppic) vise à accompagner la rénovation des palais historiques saoudiens, dont 23 édifices royaux. En complément, un autre contrat scellé avec le Centre des monuments nationaux prévoit un appui pour la valorisation des sites patrimoniaux et la mise en place d’une stratégie des publics.
L’Ecole supérieure de la photographie d’Arles, associée à d’autres institutions hexagonales, contribuera à la conception et à la muséographie d’un musée de la photo qui doit voir le jour à Riyad en 2027. L’Institut national du patrimoine formera 600 professionnels saoudiens. Le Grand Palais et la Réunion des musées nationaux apporteront également leur expertise aux musées saoudiens en matière de boutique-librairie. L’Ecole nationale supérieure de création industrielle prêtera main-forte à la muséographie du futur New Arts Museum, consacré aux nouvelles technologies, dont l’inauguration dans un bâtiment déjà existant est prévue à Riyad en 2026.
Il vous reste 40.72% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.