Les enquêtes d’opinion l’établissent chaque année : les maires demeurent les dernières figures de confiance d’une démocratie représentative abîmée au niveau national. Dans les bourgs et les villages, la longévité de certains édiles pourrait même laisser croire à un ordre municipal rural consensuel, voire à une forme de politisation moins intense que dans des zones où la compétition électorale est plus médiatisée.
Pour se départir de ces clichés, le sociologue Julian Mischi fait œuvre utile dans Des élus en campagne. Luttes municipales dans les bourgs industriels (XXe-XXIe siècles) (Presses de Sciences Po, 366 pages, 24 euros), en plongeant dans l’histoire de trois bourgs industriels de Bourgogne – Brienon-sur-Armançon, Saint-Florentin (Yonne), et Venarey-les-Laumes (Côte-d’Or) –, du début du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui.
Dans les campagnes qu’il décrit, la paysannerie est largement minoritaire face à la population ouvrière. Les chefs d’entreprise locaux, passés et présents, briguent des mandats dans ces bourgs à leur mesure, et les mairies deviennent des terrains d’affrontement privilégiés entre ouvriers et industriels. L’élection d’un ouvrier au plus haut poste du conseil municipal est l’exception. Celle d’un notable, la règle. Ainsi à Saint-Florentin, en plus d’un siècle, jamais ouvrier n’aura accédé au fauteuil de maire. Julian Mischi narre les étapes de cette histoire politique âprement disputée, quoique souvent passée sous les radars.
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