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La sortie du premier ministre sur la « submersion migratoire », lundi 27 janvier, sur LCI, aura eu un double mérite. Le premier est de dissiper d’éventuels faux-semblants. Loin des vertus généreusement attribuées à François Bayrou – l’écoute, l’art de la négociation et une certaine culture du compromis –, la droite et le centre sont aujourd’hui animés au plus profond d’eux-mêmes par la vulgate de l’extrême droite, ses thèmes et son vocable, fût-ce les plus extrêmes et les plus mensongers. On aurait pu, tant elle nous plonge dans l’abjection, se passer de cette confirmation.

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Le second mérite de cette déclaration, c’est qu’elle nous rappelle – on l’avait presque oublié – que la politique ne se résume ni au traitement de la dette, ni au financement des retraites, ni même aux sujets de l’emploi et des salaires. Ces dossiers sont importants, urgents et légitimes. Ils conditionnent le quotidien de millions de personnes qui vivent et travaillent en France. Ils touchent à la question toujours brûlante de la répartition des richesses produites dans le pays, d’où évidemment la puissance des tensions qu’ils génèrent.

Pour autant, ils ne sauraient résumer à eux seuls un projet de société. C’est de ce débat que nous avons besoin. Or, depuis des semaines, des mois, le débat politique se focalise sur ces seuls enjeux, à l’exclusion évidemment, de la fameuse « submersion migratoire » qui, de fait, submerge bien le paysage politique français tout en introduisant la course à la prochaine présidentielle. Que les partis de droite – tous confondus – s’en satisfassent, on le comprend fort bien. On peine en revanche, à saisir la timidité des autres formations politiques sur quelques enjeux majeurs, qui, alors qu’ils mériteraient une mobilisation d’urgence, semblent pourtant passés par pertes et profits.

Débat public étouffé

L’état des libertés, pour ne prendre que cet exemple, devrait largement inquiéter. Notre pays connaît, comme d’autres en Europe, un phénomène rapide et brutal identifié comme un « rétrécissement de l’espace civique ». Cet enfer aux allures affables se présente sous les meilleures intentions. Ici, il s’agit de combattre le terrorisme islamique ; là, de faire front contre l’antisémitisme ; de défendre les valeurs de la République ou encore de lutter contre le trafic de stupéfiants. Autant d’objectifs a priori honorables, d’autant plus difficiles à critiquer qu’ils sont présentés comme une « guerre culturelle » à mener contre autant de « submersions ».

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