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Histoires Web samedi, octobre 5
Bulletin

« Moi, je suis régularisée, mais pas française. Donc, je ne peux pas voter. A côté, il y en a qui ont le droit de vote et qui ne s’en servent pas. Ça m’énerve. Quand c’est trop tard, ils commencent à parler, à dire que ça ne leur convient pas. Il fallait être acteurs ! N’attendez pas que ça se passe, après, on pleure. Cette fois-ci, j’espère que les gens auront bien compris, parce que si tout le monde ne se réveille pas, ça va être compliqué pour eux après.

J’ai deux enfants. Un autiste, l’autre surdoué. Mais les deux sont algériens. J’ai peur pour leur avenir. On est arrivés ici en 2016, mais j’avais déjà vécu en France, quand j’étais enfant, j’y ai été scolarisée. Avant que mon père ne me ramène en Algérie, à 19 ans. Là-bas, j’ai épousé un homme avec qui j’ai eu mes enfants. Mais, en Algérie, pour mon fils Asperger, il n’y a pas d’avenir, il a été exclu de son école. J’ai quitté mon pays et mon mari pour lui donner une meilleure vie. Il a une mémoire photographique. Il est très doué en dessin. On a été accueillis par des associations, il a été reconnu auprès de la MDPH [maison départementale des personnes handicapées], il a eu une accompagnante à l’école. Les personnes qui occupent ce poste sont payées une misère, et il y en a de moins en moins. Mais les enfants, est-ce qu’ils sont moins handicapés, eux ? Et si le Rassemblement national [RN] prend le pouvoir, à quoi ça va ressembler ? Aujourd’hui, mon fils aîné a 15 ans et il entre en BAC pro graphisme et communication visuelle. Je me dis qu’il a réussi à s’en sortir, qu’il est sauvé.

A notre arrivée en France, j’ai demandé des papiers comme accompagnant d’enfant handicapé, la préfecture a refusé. Mon avocate a plaidé devant le tribunal et fait annuler la décision du préfet. J’ai obtenu un titre de séjour. Ensuite, le préfet a fait appel et j’ai reçu une obligation de quitter le territoire. Mais je venais d’avoir un logement social, un travail dans un centre aéré, mes enfants étaient scolarisés. C’était la catastrophe totale, je risquais de me retrouver avec rien. Heureusement, comme j’étais là depuis cinq ans, j’entrais dans les conditions imposées par la circulaire Valls : un travail, des enfants à l’école… C’est comme ça que j’ai pu être régularisée. Mais j’ai l’impression de revivre ça avec ces élections. Est-ce qu’on va devoir retourner en Algérie ? Tout recommencer de zéro ? J’ai une stabilité ici, avec mes enfants.

« Ici, je me sens utile »

Comme je dis toujours, la France, c’est ma terre d’accueil. Notre avenir est ici. Je suis intégrée à la société, je ne vis pas à part, je travaille, je fais partie de l’association des parents d’élèves de l’école de mes enfants. A côté, je suis en train de créer une association pour les enfants autistes. Ici, je ne suis pas une charge, je me sens utile. Les gens pensent que parce qu’on a migré on ne rend pas service à la société. Mais, nous, on est en train de construire la France de demain pour nos enfants, on n’est pas attentistes ! Rien que dans le secteur sanitaire, il y a des Arabes, des Noirs, des gens d’Europe de l’Est, c’est un beau mélange. Pourquoi ils veulent nous diviser ? Pour mieux régner ?

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