Des actionnaires minoritaires mécontents qui critiquent les inflexions idéologiques d’Hachette Livre depuis son rachat par le groupe Vivendi de Vincent Bolloré (à travers Lagardère), c’est rare. Mais cela a d’autant plus de poids lorsqu’il s’agit des représentants de la famille Calmann-Lévy.
Fondée en 1836, cette maison d’édition qui a publié D. H. Lawrence, Gustave Flaubert, Stendhal ou Sainte-Beuve a rejoint le giron d’Hachette Livre en 1993. Héritière des frères fondateurs, Michel et Calmann Lévy, Eliane Calmann-Lévy, 82 ans, et ses deux cousins, les frères Nicholas et Alexandre Oulman, détiennent encore 16 % du capital de la maison – la seule au sein d’Hachette Livre à être dotée d’un conseil d’administration.
Eliane Calmann-Lévy le dit sans fard au Monde : « La désormais coloration de droite nationaliste et le tropisme prorusse, avec notamment la présence au Journal du dimanche [JDD] de Xenia Fedorova [ex-dirigeante de la chaîne de télévision RT France, et autrice chez Fayard, filiale d’Hachette], propagandiste de Poutine, mettent très mal à l’aise la majorité des 66 000 collaborateurs de Vivendi-Lagardère et de Louis Hachette Group, de nombreux auteurs, sans compter des partenaires commerciaux et des actionnaires. » A ses yeux, Arnaud Lagardère, PDG de Lagardère et d’Hachette Livre, qui a pourtant veillé à être « équilibré sur le plan politique avant l’ère Bolloré », ne l’est plus.
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