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Histoires Web vendredi, novembre 22
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L’annonce par Sanofi de sa décision de vendre des parts de sa filiale Opella, qui assure la production de médicaments anciens, génériqués et peu rentables – dont le Doliprane –, à un fonds d’investissement américain enflamme la classe politique française. De Jordan Bardella (Rassemblement national) à Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), en passant par Marine Tondelier (Les Ecologistes) ou Boris Vallaud (Parti socialiste), tous s’indignent de la vente de cet « actif stratégique » à un fonds étranger. Certes, la défense de l’emploi soulève de légitimes inquiétudes chez les salariés concernés ; mais doit-on vraiment qualifier de « stratégique » la fabrication et la distribution de boîtes de comprimés dont le principe actif est tombé depuis des décennies dans le domaine public, et à très faibles marges ?

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Car voilà un médicament, fort utile et très apprécié par des millions d’usagers à travers le monde, connu sous plusieurs noms, ici Efferalgan ou Dafalgan, là Tylenol ou Panadol, ou encore… Doliprane. S’il porte autant de noms différents, ce médicament, c’est qu’il est, depuis longtemps, un bien public. Son principe actif est le paracétamol, une molécule dont les effets, contre la douleur notamment, ont été identifiés dès 1880. L’innovation pharmaceutique des dernières années du XIXe siècle était ébouriffante : synthèse de l’aspirine, de l’héroïne et, plus tard, des premières amphétamines. Plus d’un siècle a passé, et, à l’instar de toutes ces inventions, le paracétamol n’est plus protégé par aucun brevet : n’importe quel laboratoire pharmaceutique peut l’utiliser, en faire un médicament, et le commercialiser sous sa propre marque.

Une telle liberté de copier nourrit une vive concurrence sur le marché des génériques, dont les vertus sont connues : pour vendre au prix le plus bas, chaque fabricant doit être le plus efficace possible pour produire au moindre coût, et le moins gourmand possible en réduisant ses marges. Mais l’« optimisation » de chaque étape de la chaîne de production n’est pas sans écueil. En amont, la production des principes actifs repose sur une industrie chimique lourde, souvent polluante. Cette production est presque exclusivement localisée en Chine ou en Inde, où son coût est plus faible, car le travail y est moins rémunéré qu’en France ou en Europe, et les normes environnementales y sont moins strictes. Une telle localisation n’est pas sans risque : qu’une usine de paracétamol à Wuxi, dans la lointaine province de Jiangsu, connaisse des difficultés et, de Brest à Palerme, d’innombrables patients peinent à obtenir le médicament dont ils ont besoin.

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