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Histoires Web mercredi, octobre 8
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En politique, être nommé est une longue patience. Démissionner, en revanche, est un art. On peut le dire autrement : ce qu’exige d’obstination l’accession aux responsabilités est précisément ce qui sert le moins quand sonne l’heure du départ. Là, il convient de trancher, de prendre son risque, de choisir son moment – le kairos – et les arguments qu’il induit pour que la démission ne soit pas la figure d’une fuite ou d’un plat renoncement.

Comme souvent, c’est de Gaulle qui sert de modèle. Celui de 1969. Sa démission n’a rien d’un coup de tête. C’est une mise en scène sous contrôle. De Gaulle choisit de convoquer un référendum. Il choisit d’annoncer qu’une réponse négative entraînera sa démission immédiate. Il choisit Colombey-les-Deux-Eglises, son village de Haute-Marne, plutôt que l’Elysée quand il constate que le peuple ne l’a pas suivi. Il perd, sans doute, mais jusqu’au bout, il conserve sa liberté. Même vaincu, il reste maître du jeu. Il peut ainsi rentrer définitivement dans l’histoire, en majesté.

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Cette capacité de contrôle est précisément ce qui fait aujourd’hui défaut à Emmanuel Macron. C’est qu’il lui manque – outre le caractère, mais c’est une autre affaire – deux cartes qui pourraient encore le sauver : l’idée du désert et de la solitude, visiblement, le terrifie et la remise en jeu de son mandat lui est constitutionnellement interdite. Il ne veut pas partir avant la fin de son quinquennat. Il entend résister. Il se place ainsi dans une situation où il peut être contraint de démissionner. Il y a là une vieille loi qu’il semble ignorer : en politique, on ne fait pas ce qu’on veut mais ce qu’on peut. Sauf à être de Gaulle, ce qui, on en conviendra, ne s’improvise pas du jour au lendemain.

Deux exigences contradictoires

La démission présidentielle, en ce qu’elle a d’exceptionnelle et partant, de nécessairement théâtrale, diffère de la démission ministérielle sans que, pour autant, cette dernière exige des qualités de flair et de maîtrise d’une nature particulière. Là encore l’actualité la plus chaude quand on la met en regard de l’histoire politique, permet de mieux comprendre. Bruno Retailleau, par exemple, puisqu’il est l’acteur principal du dernier épisode du chaos. A-t-il démissionné, au soir du dimanche 5 octobre ? A proprement parler, non. Mais, en pratique, il a fait tomber un gouvernement dans lequel il venait d’être reconduit à une place éminente.

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