Meilleures Actions
Histoires Web mardi, mai 6
Bulletin

La Cour internationale de justice (CIJ) a déclaré, lundi 5 mai, qu’elle rejetait la plainte du Soudan accusant les Emirats arabes unis de complicité de génocide, se déclarant « manifestement incompétente » pour statuer sur cette affaire.

Le pays d’Afrique de l’Est a attaqué en mars les Emirats devant la CIJ à La Haye, les accusant de complicité de génocide à l’encontre de la communauté masalit, en raison de leur soutien présumé aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), qui combattent l’armée soudanaise.

Lorsque les Emirats ont signé la convention sur le génocide en 2005, ils ont émis une « réserve » à l’égard d’une clause-clé permettant aux pays de s’attaquer mutuellement devant la CIJ en cas de litige. « A la lumière de la réserve émise par les Emirats arabes unis… la Cour est manifestement incompétente pour juger la demande du Soudan », a déclaré la Cour.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au Soudan, dévasté par deux ans de guerre civile, le conflit s’étend

La guerre qui oppose depuis avril 2023 l’armée régulière, dirigée par Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, aux FSR, avec à leur tête son ancien adjoint, Mohammed Hamdan Daglo, a fait des dizaines de milliers de morts au Soudan, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant « l’une des pires catastrophes humanitaires » au monde, selon l’ONU.

Plus de 540 civils ont été tués dans le nord du Darfour au cours des trois dernières semaines, a annoncé jeudi le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, en estimant que « le bilan réel est sans doute beaucoup plus élevé ». « L’horreur de ce qui se passe au Soudan est sans limites », a-t-il alerté.

Devant le Palais de la paix, siège de la CIJ, lundi, une poignée de manifestants prosoudanais brandissaient des banderoles, dont une sur laquelle on pouvait lire « Les Emirats arabes unis tuent le Soudan. »

« Tragédie humaine »

Lors d’audiences en avril, le ministre de la justice intérimaire soudanais, Muawia Osman, avait affirmé que le « soutien » présumé des Emirats aux milices constituait « le principal moteur du génocide ». « Le soutien direct, logistique et autre, que les Emirats arabes unis ont apporté et continuent d’apporter aux forces de sécurité a été et continue d’être le principal moteur du génocide en cours, qui se traduit notamment par des meurtres, des viols, des déplacements forcés et des pillages », avait ajouté M. Osman. Le Soudan souhaitait que les juges obligent les Emirats à mettre fin à ce soutien présumé et à verser des « réparations complètes », y compris des indemnités aux victimes de la guerre.

Lire aussi (2025) | Article réservé à nos abonnés Guerre au Soudan : en deux ans, près de 800 000 réfugiés ont afflué au Tchad

Une accusation contestée par les Emirats, qui ont affirmé devant la Cour que ces allégations étaient « au mieux trompeuses et au pire de pures fabrications », destinées à détourner l’attention des efforts visant à mettre fin à la guerre.

Newsletter

« Le Monde Afrique »

Chaque samedi, retrouvez une semaine d’actualité et de débats, par la rédaction du « Monde Afrique »

S’inscrire

La décision de la Cour est « une affirmation claire et décisive indiquant que cette affaire était sans fondement », a déclaré, lundi, Reem Ketait, vice-ministre adjointe des affaires politiques au ministère des affaires étrangères des Emirats arabes unis, dans un communiqué transmis à l’Agence France-Presse. « Le fait que la cour se soit déclarée incompétente confirme que cette requête n’aurait jamais dû être intentée », a-t-elle ajouté.

La CIJ s’est déclarée « profondément préoccupée par la tragédie humaine qui se déroule au Soudan et qui constitue la toile de fond du présent différend ». « Le conflit violent a un effet dévastateur, entraînant des pertes en vies humaines et des souffrances indicibles, en particulier dans le Darfour occidental », a ajouté la cour. Les décisions de la CIJ sont définitives et contraignantes, mais la cour n’a aucun moyen de les faire respecter.

Dimanche, les paramilitaires soudanais ont frappé la ville de Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement dans l’est du pays, a annoncé l’armée, dans la première attaque de ce type en deux ans de guerre.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le Soudan, victime de l’avidité de puissances extérieures

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.