C’est la deuxième alerte en l’espace de quelques mois. En janvier, dans un rapport thématique, la Cour des comptes avait mis en garde EDF, et donc l’Etat, son actionnaire unique, contre les « nombreuses incertitudes techniques, organisationnelles et industrielles » accompagnant les projets de nouveaux réacteurs nucléaires dans le pays.
A présent, la voilà qui s’inquiète en particulier de la situation financière de l’électricien, dans un autre rapport, cette fois demandé par la commission des finances de l’Assemblée nationale. « Un sujet d’attention majeur dans la mesure où un important programme d’investissements attend le groupe sur les prochaines années », écrivent les magistrats de la rue Cambon, dans leur document de 130 pages, révélé mardi 23 septembre par le média en ligne Contexte, à la veille de la restitution prévue devant les parlementaires.
Il faut dire que les enjeux se chiffrent en centaines de milliards d’euros. Au cumul, les investissements nets du groupe public seraient susceptibles d’atteindre les 460 milliards d’euros entre 2025 et 2040. Du moins, selon des projections faites en 2023 par EDF et relatées ici par la Cour des comptes, soit environ 30 milliards d’euros par an, principalement en France.
Endettement
Pour prolonger la durée de vie des cinquante-sept réacteurs en fonctionnement dans l’Hexagone, compter déjà 90 milliards d’euros. Et pour construire jusqu’à quatorze réacteurs pressurisés européens, des EPR 2 (European pressurized reactors), 115 milliards d’euros, dont environ 75 milliards pour six premiers réacteurs. Pour ces six-là, EDF n’a pas encore pris la moindre décision finale d’investissement, attendue plutôt pour 2026. L’électricien prévoit par ailleurs 30 milliards pour renouveler les installations d’Orano (ex-Areva), notamment pour retraiter l’uranium enrichi ayant servi de combustible dans les centrales.
Au-delà du nucléaire, le chiffrage mentionne 100 milliards pour Enedis, filiale chargée du réseau public français de distribution d’électricité, ou encore 15 milliards pour les barrages et autres installations du parc hydraulique. Tous pays confondus, les projections de 2023 attribuent 30 milliards à la filiale EDF Renouvelables pour développer des projets éoliens ou solaires – depuis juin, cette entité a pris le nom d’ « EDF Power Solutions ». Sans compter quelque 25 milliards d’euros pour la filiale Edison en Italie et 30 milliards pour EDF Energy au Royaume-Uni.
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