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Histoires Web jeudi, décembre 19
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Les chroniqueurs judiciaires du « Monde » racontent « huit semaines dans un “marécage” »

Mi-novembre. Le procès des viols de Mazan sort du tunnel des interrogatoires dans lequel il était entré deux mois plus tôt.

D’ordinaire, c’est le moment où l’on a envie de vider ses carnets. De raconter la scène oubliée. Le témoin inattendu, le fou rire, le dialogue pétillant, l’instant joyeux, l’échappée. De partager le souvenir de l’émotion d’une mère, de la fantaisie d’une réponse, de la lumière d’un regard. Bref, de toutes ces choses vues qui sont la richesse d’un long procès.

Dans nos carnets remplis des audiences des viols de Mazan, il y a : « Bite en bouche », « bouffage de cul », « Jacques doigtage », « magnifique de près par derr », « bien remplie », « ça rentre tout seul », « bien fouillée et bien baisée », « défoncée sur le dos 2 », « 3e sodo », « gicle sur le cul », les intitulés des vidéos consignées par Dominique Pelicot, que le président de la cour criminelle, Roger Arata, a fini par cesser de prononcer au moment de lancer leur diffusion. Que fait-on avec ça ?

Huit semaines dans le « marécage » du procès des viols de Mazan : les chroniqueurs judiciaires du « Monde » racontent

Par Pascale Robert-Diard, Henri Seckel

Lecture : 12 min.

C’est beaucoup cinquante accusés dans une petite salle d’audience. Ce mardi 19 novembre, dernier jour des débats avant les plaidoiries et le réquisitoire, fini les dispenses, tous ont été reconvoqués. Des Blancs, une majorité de Blancs, des Maghrébins, trois Noirs. Des grands, des secs, des moyens, des chétifs, des ventrus, beaucoup de ventrus, quelques obèses. Des calvities, beaucoup de calvities. Des catogans, très présent le catogan, souffreteux ou luxuriant. Des barbes soignées, d’autres pas. Des crânes rasés, des cheveux blancs, des grisonnants, des cirés, des teints en noir, des avec houppette colorée. Des piercings, des tatouages. Deux paires de béquilles, une d’espadrilles. Et à la barre, un dernier accusé.

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