Une semaine après que Pyongyang a affirmé avoir testé un nouveau « missile hypersonique » et à quelques jours de l’investiture de Donald Trump, la Corée du Nord a lancé, mardi 14 janvier, plusieurs missiles balistiques à courte portée vers la Corée du Sud, a annoncé l’armée du pays. L’état-major interarmées sud-coréen a « détecté plusieurs missiles balistiques à courte portée tirés vers la mer de l’Est », faisant référence à l’étendue d’eau également connue sous le nom de mer du Japon.
L’armée sud-coréenne a précisé que le lancement avait eu lieu vers 9 h 30 (1 h 30, heure de Paris) et que les missiles avaient parcouru 250 kilomètres avant de s’abîmer en mer. « Les services de renseignement de la Corée du Sud et des Etats-Unis ont détecté et surveillé les préparatifs de lancement de missiles de la Corée du Nord à l’avance, et les ont immédiatement détectés et suivis au moment du lancement », a-t-elle ajouté.
Le président sud-coréen par intérim, Choi Sang-mok, a condamné les lancements, affirmant qu’ils violaient les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies : « Séoul répondra plus fermement aux provocations de la Corée du Nord sur la base de sa position de sécurité forte et de son alliance avec les Etats-Unis. »
Pression avant un second mandat Trump
Ce lancement « pourrait indiquer une intention de faire pression avant le second mandat de l’administration Trump », estime Yang Moo-jin, président de l’Université des études nord-coréennes à Séoul.
Au cours de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait mené des tentatives très personnelles de rapprochement avec Kim Jong-un, qu’il avait rencontré à trois reprises. S’il avait échoué à obtenir de la Corée du Nord qu’elle renonce à son programme d’armes nucléaires, pour lequel le pays est lourdement sanctionné par l’ONU, ce rapprochement avait tout de même fait baisser les tensions entre les deux Corées.
Depuis, en 2022, la Corée du Nord a déclaré « irréversible » son statut de puissance nucléaire, et l’a même gravé en 2023 dans sa Constitution. Son armée a effectué de nombreux essais d’armes interdites par l’ONU, dont celui en octobre 2024 d’un missile balistique intercontinental (ICBM) à combustible solide.
Le tir de mardi intervient une semaine après que Pyongyang a tiré ce que le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, a présenté comme « un missile balistique hypersonique de portée intermédiaire » destiné à dissuader « tous les rivaux » du pays dans la région du Pacifique. Il avait eu lieu pendant que le secrétaire d’Etat américain était en visite en Corée du Sud.
Rapprochement entre Pyongyang et Moscou
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Pyongyang et Moscou se sont par ailleurs rapprochés et ont notamment signé en 2024 un pacte qui prévoit une « assistance mutuelle en cas d’agression » par un pays tiers.
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Séoul, Kiev et Washington affirment en outre que la Corée du Nord a depuis octobre 2024 déployé plus de 10 000 soldats en Russie pour aider Moscou dans sa guerre contre l’Ukraine. Ni Moscou ni Pyongyang n’ont confirmé. Le renseignement sud-coréen a estimé lundi que plus de 300 soldats nord-coréens ont été tués et 2 700 blessés.
Lors de sa visite à Séoul, M. Blinken a affirmé que Moscou et Pyongyang travaillaient de plus en plus étroitement sur les technologies spatiales avancées. Antony Blinken a aussi exprimé des inquiétudes quant à la possibilité que la Russie, membre du Conseil de sécurité de l’ONU disposant d’un droit de veto, accepte formellement la Corée du Nord en tant qu’Etat nucléaire. Ceci porterait un coup au consensus mondial selon lequel Pyongyang doit mettre un terme à son programme.