Une « chute libre » du droit des travailleurs, voire un « effondrement ». A l’occasion, lundi 2 juin, de la publication de la 12e édition de son indice annuel, la Confédération syndicale internationale (CSI) multiplie les termes alarmistes pour dénoncer une « profonde aggravation » de la situation des travailleurs dans le monde, y compris en France.
L’indice de la principale confédération syndicale de la planète se base notamment sur une liste de 97 indicateurs issus des conventions internationales et de la jurisprudence de l’Organisation internationale du travail.
Parmi les principales conclusions de cette étude annuelle qui fait l’inventaire des atteintes aux droits des travailleurs dans 151 pays, la CSI relève une dégradation de la situation en Europe et dans les Amériques, deux régions qui obtiennent leur pire résultat depuis le lancement de cet indice. Au total, 87 % des pays ont violé le droit de grève et 80 % des pays ont violé le droit de négociation collective, déplore le syndicat.
Difficultés d’accès à la justice pour les travailleurs
En France, la CSI regrette une négociation collective « en état de siège » dans les petites et moyennes entreprises depuis « des réformes régressives en 2017 ». Si le « droit de négociation collective a été restreint dans 121 pays », la CSI assure qu’en France « près de quatre conventions collectives sur dix ont été imposées unilatéralement par les employeurs, sans représentation syndicale ».
Elle dénonce également des atteintes à l’encontre de certains responsables syndicaux et explique avoir recensé « plus de 1 000 dirigeants syndicaux et membres de la Confédération générale du travail, CGT » qui « ont fait l’objet de poursuites au pénal et de mesures disciplinaires pour le rôle qu’ils ont joué dans les manifestations de masse contre la réforme des retraites ».
La CSI pointe également en France des difficultés d’accès à la justice pour les travailleurs, notamment des délais d’attente importants dans les tribunaux, ainsi que des « limites imposées pour l’indemnisation des licenciements abusifs », juge l’organisation.
Une détérioration rapide en Europe
Le syndicat attribue à chaque pays une note maximale de 1 et minimale de 5 pour le respect qu’ils témoignent aux droits des travailleurs (de faire grève, de manifester, de participer à des négociations, etc.). Seuls sept pays du panel, dont l’Allemagne, la Suède et la Norvège, obtiennent la note maximale, alors qu’ils étaient dix-huit il y a dix ans. L’Italie et l’Argentine ont vu leurs notes baisser en 2025.
Plus largement, « si le déclin se poursuit à ce rythme, dans dix ans, plus aucun pays au monde n’obtiendra la note la plus élevée en matière de respect des droits des travailleurs », a déploré Luc Triangle, le secrétaire général de l’organisation, dans un communiqué.
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La détérioration s’est poursuivie de manière marquée et rapide en Europe. Le continent connaît en 2025 la plus forte baisse de toutes les régions du monde depuis dix ans.
La CSI a également recensé la mort de syndicalistes ou de travailleurs dans cinq pays en 2025 : l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Colombie, le Guatemala et le Pérou. Et le Nigeria a rejoint pour la première fois la liste des dix pires pays pour les droits des travailleurs.
Les pays qui ont connu une amélioration en matière de droits des travailleurs se comptent sur les doigts d’une main. Plusieurs réformes ont notamment contribué à renforcer les droits syndicaux en Australie. Au Mexique, la CSI a également salué des réformes en matière de droit du travail et notamment la mise en place de mécanismes de conciliation qui offrent un meilleur accès à la justice du travail.