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La Commission européenne a une tête – Ursula von der Leyen –, un cap – la compétitivité économique face au reste du monde – et une feuille de route directement inspirée des ambitieux rapports Letta et Draghi, et de leur vision de la souveraineté européenne. Tout ceci devrait augurer d’initiatives audacieuses, à la hauteur des turbulences qui s’annoncent. Mais cet élan pourrait vite être enrayé par les jeux politiciens, les rivalités nationales et les luttes personnelles, dont la Commission fait de plus en plus intensément l’objet.

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Des institutions européennes, elle est, au départ, la plus originale : pas tout à fait un gouvernement, mais bien plus qu’une administration. Jean Monnet, l’un des initiateurs de la construction européenne, qui présida la Haute Autorité, ancêtre de la Commission, la voulait supranationale, à l’abri des guerres partisanes qui l’éloigneraient de sa noble mission : c’est-à-dire promouvoir l’« intérêt général de l’Union », selon l’article du traité européen la définissant.

Cette machine à fabriquer l’Europe n’a pas échappé à ses propres dérives : aveuglement politique, zèle bureaucratique et dogmatisme juridique. Ni aux passions très humaines que suscite un organe de pouvoir. Il était donc indispensable que la Commission gagne en légitimité démocratique, grâce, notamment, aux auditions parlementaires des futurs commissaires et à la mise en place d’un vote d’approbation. Mais la Commission ne doit pas pour autant perdre en indépendance : lorsqu’il en était président, Jacques Delors sut, par exemple, préserver celle-ci en se tenant à équidistance des chefs d’Etat et de gouvernement et des députés européens, qu’il savait à la fois écouter et bousculer.

Une équation complexe

Cette indépendance est menacée quand le Parlement européen, d’un côté, et les Vingt-Sept, de l’autre, veulent façonner une Commission à leur solde. Ce n’est pas nouveau, mais le phénomène va aujourd’hui trop loin. Il ne saurait y avoir de « Commission du PPE [Parti populaire européen] », comme a osé le dire Manfred Weber, président de ce groupe arrivé en tête aux élections européennes. Une phrase qui sonne comme une provocation à l’égard de ses partenaires de coalition soutenant la Commission von der Leyen II, et surtout contraire à l’esprit devant prévaloir dans cette institution gardienne des traités et non d’intérêts partisans, comme le dénonce Nicolas Schmit, chef de file des sociaux-démocrates aux européennes et talentueux commissaire sortant, évincé au profit d’un compatriote luxembourgeois issu du PPE.

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