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Histoires Web vendredi, mars 21
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Dominique Reymond fait son apparition dans le café parisien où on lui a donné rendez-vous, ondoyante et souple comme une liane brune, avec ce quelque chose d’asiatique dans le regard. C’est une de nos plus grandes comédiennes, mais elle reste mystérieuse, insaisissable. Et c’est tant mieux : insaisissable, l’héroïne qu’elle joue sur la scène des Ateliers Berthier à Paris l’est aussi. Ainsi l’a voulue Marguerite Duras, qui, dans L’Amante anglaise, extrait son personnage, Claire Lannes, de la boue du fait divers pour l’élever au rang des grandes figures tragiques. Ce quelque chose en Dominique Reymond de l’ordre de l’oblique, du clair-obscur, ne pouvait mieux convenir à l’opacité travaillée par Duras, celle d’une femme qui tue sans savoir pourquoi.

La comédienne est au cœur de ce spectacle signé par la jeune metteuse en scène Emilie Charriot, avec Nicolas Bouchaud et Laurent Poitrenaux. Elle joue, par ailleurs, dans La Cache, le film de Lionel Baier inspiré par le livre de Christophe Boltanski avec Michel Blanc dans l’un de ses derniers rôles. A 68 ans, elle appartient, en compagnie de Valérie Dréville, à la dernière génération des grandes actrices formées par Antoine Vitez, dans les années 1980. « Ce que j’ai appris de Vitez m’a marquée à vie », dit-elle de sa voix ensorcelante, à la fois grave et aérienne, une voix qui vous conduirait sur les chemins les plus obscurs. Ensuite, elle a croisé la route de Klaus Michael Grüber, qui fit d’elle une magnifique Marie dans La Mort de Danton, de Büchner, et celle de Bernard Sobel, de Luc Bondy, Alain Françon, Arthur Nauzyciel ou Daniel Jeanneteau.

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