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Comme nombre de ses compatriotes, Luisa Rivera, qui a quitté le Venezuela il y a sept ans, est convaincue que « Nicolas Maduro a ouvertement volé l’élection [présidentielle] du 28 juillet ». Et que la communauté internationale devrait tout mettre en œuvre pour aider les Vénézuéliens à se débarrasser du « dictateur ». Mais Luisa, qui travaille comme vendeuse à Bogota, espère bien que la Colombie ne va pas rompre les relations diplomatiques avec Caracas, ni fermer la frontière. « Quand elle l’a fait, en 2019, je n’ai pas pu voir ma mère ni ma sœur pendant plus de quatre ans, raconte-t-elle. Les liaisons aériennes ont été suspendues. Pour rentrer au pays, il fallait passer par les trochas, ce qui est dangereux. » Les trochas sont les sentiers par lesquels passent migrants et contrebandiers, contrôlés par des groupes armés.

La réélection contestée du président vénézuélien, Nicolas Maduro, pose à son voisin colombien, Gustavo Petro, un défi complexe. Les deux hommes se disent de gauche, leurs deux pays partagent une frontière de 2 219 kilomètres de long. « La Colombie ne peut accepter la fraude commise le 28 juillet, mais elle ne peut non plus couper les liens avec le Venezuela, résume à Bogota le chercheur Ronal Rodriguez, de l’université du Rosaire. La marge de manœuvre du président Gustavo Petro est étroite. »

Les efforts de médiation entrepris conjointement par la Colombie, le Brésil et le Mexique pour obtenir des autorités vénézuéliennes qu’elles publient les procès-verbaux des bureaux de vote du scrutin présidentiel ou qu’elles acceptent de nouvelles élections piétinent. Deux mois après le scrutin, il semble clair que le gouvernement Maduro a fait le choix du passage en force et de la répression.

« Blocus diplomatique »

En Colombie, l’opposition de droite voudrait suivre la voie de l’Argentine et du Pérou, qui ont reconnu la victoire du candidat d’opposition, Edmundo Gonzalez, et assumer le coût de la rupture. « La Colombie se doit de reconnaître le droit à la liberté du peuple vénézuélien soumis à une dictature criminelle », affirme la sénatrice Maria Fernanda Cabal, en dénonçant l’attitude « complice » du président Petro.

Plus du tiers des 8 millions de Vénézuéliens qui ont émigré depuis 2015 vivent en Colombie. Beaucoup, comme Luisa, détestent le président colombien « parce qu’il est le copain de Maduro ». Mais, comme Luisa, ils jugent que « la normalisation des relations avec le Venezuela est une bonne chose ». L’absence de représentation consulaire a, pendant quatre ans, compliqué la vie des migrants. Luisa n’a pas pu renouveler son passeport, ni déclarer son fils à l’état civil vénézuélien.

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