« La Chute de P. Diddy », sur Max : gloire et naufrage d’une star américaine du rap

MAX – À LA DEMANDE – SÉRIE DOCUMENTAIRE

Gloire et décadence de Sean Combs, star millionnaire du rap, plus connu sous les surnoms de Puff Daddy, Puffy, Diddy ou P. Diddy. Le sujet passionne les médias depuis qu’en novembre 2023 son ex-compagne, la chanteuse de R’n’B Casandra Ventura, alias Cassie, a déposé une plainte contre lui, pour viol et violences physiques commis entre 2005 et 2018.

Arrêté le 16 septembre 2024 à New York, inculpé le lendemain pour extorsion en bande organisée, prosélytisme et transport de prostituées entre Etats, il est depuis en détention provisoire au Metropolitan Detention Center, à Brooklyn, où, à 55 ans, il clame son innocence. Alors que son procès doit s’ouvrir le 5 mai, à New York, la plateforme Max présente – avant Netflix – une minisérie qui lui est consacrée, intitulée La Chute de P. Diddy.

Pour la coréalisatrice Yoruba Richen, comprendre comment P. Diddy en est arrivé là imposait de décrire (épisodes 1 et 2) son ascension professionnelle spectaculaire, à l’origine de son influence dans le milieu de la musique, mais aussi de son pouvoir et de la peur qu’il a inspirée par la suite. Ce parti pris constitue le point fort de la série.

Une trentaine d’intervenants

Parmi la trentaine d’intervenants sollicités, les déclarations de journalistes et de Tim Patterson, ami d’enfance du rappeur, permettent de reconstituer la jeunesse de Sean Combs, né à Harlem d’une mère, Janis Combs, volontaire et ambitieuse, et d’un père, Melvin, qui meurt alors que Sean est encore bébé.

« Quand je pense à Puffy, je pense à New York, au rêve américain : celui qui réussit en partant de rien », se remémore Prince Charles Alexander, ancien ingénieur du son et producteur de Bad Boy Records, le label de disque créé par Sean Combs en 1993, à 24 ans. Autre figure maîtresse de la série, Danyel Smith, ex-rédactrice en chef du magazine Vibe, a suivi la carrière du rappeur depuis leur première rencontre, en septembre 1997.

La série pointe les premières « affaires » auxquelles Sean Combs a été mêlé. En commençant par 1988. Mara S. Campo est alors étudiante à l’université Howard en même temps que Sean Combs : elle affirme qu’il a fouetté une fille avec sa ceinture.

Fusillade

Le film revient également sur le drame du match caritatif organisé par Sean Combs au City College, à New York, le 28 décembre 1991, au cours duquel un mouvement de foule a entraîné la mort de neuf personnes. Sean Combs poursuit toutefois son ascension, notamment grâce au succès de la chanteuse Mary J. Blige, qu’il produit. « Tout ce qu’il touche se transforme en or ou en platine », commente LaJoyce Brookshire, son agente pendant cette période faste, de 1995 à 1997. « Quand tu es millionnaire à 19 ans, tu perds forcément la boule », déclarera plus tard Puff Daddy à Sunday Today. D’autant que son succès sur la Côte est fait des envieux sur la Côte ouest. Les deux rappeurs The Notorious B.I.G. et Tupac Shakur incarnent cette rivalité, qui va se solder par deux morts en six mois.

Autre « affaire » : en 1999, Sean Combs est accusé d’avoir pris part à une fusillade devant un club de Manhattan. Le témoignage de son chauffeur, Wardel Fenderson, est accablant. Sean Combs est toutefois acquitté le 16 mars 2001 – il prend alors le nom de P. Diddy. Côté vie privée, l’épisode 2 marque l’entrée en scène de Kim Porter, avec laquelle P. Diddy aura quatre enfants. Selon son garde du corps d’alors, elle aussi a subi des violences.

Les deux derniers épisodes vont égrener les récits pesants et accusateurs. Tout d’abord celui de D. Woods, l’une des filles du groupe Danity Kane (2005-2008), qui affirme avoir été victime d’agressions mentales. Ensuite celui de Jourdan Cha’taun, cheffe cuisinière de Puff. Puis celui de l’artiste Rodney Jones, alias Lil Rod, qui dit avoir été abusé par P. Diddy entre 2022 et 2023.

L’épisode 4 est structuré, quant à lui, autour du récit de Thalia Graves, qui affirme avoir été violée par P. Diddy, et des accusations d’abus de Sean Combs envers Cassie, longtemps tues. Avec, en point d’orgue, les images d’une vidéo prise le 5 mars 2016 montrant le rappeur frapper la jeune femme dans un couloir d’hôtel.

En attendant le jugement, chaque épisode se clôt par une séquence intitulée « La déclaration des avocats de Sean Combs », qui stipule, entre autres : « Au tribunal, la vérité triomphera : les accusations portées contre M. Combs ne sont que pure fiction. » Si Sean Combs est reconnu coupable des trois chefs d’accusation, il encourt la prison à vie.