La Chine a annoncé, mardi 3 décembre, bloquer ses exportations de certains métaux stratégiques vers les Etats-Unis, au lendemain de nouvelles restrictions américaines à son encontre, dans une accélération de la guerre technologique entre les deux premières puissances de la planète. Le ministère du commerce chinois, accusant Washington d’avoir « politisé les questions commerciales et technologiques », explique dans un communiqué qu’il ne délivrera plus de licences d’exportation de gallium, de germanium, d’antimoine et d’autres matériaux vers les Etats-Unis dès lors qu’ils peuvent avoir un double usage civil et militaire.
La Chine est le premier producteur de ces métaux qualifiés de « terres rares » qui entrent dans la production des produits de haute technologie, dont les micropuces, les panneaux solaires et les satellites. Elle a annoncé au même moment que les livraisons de graphite, utilisé notamment dans les batteries, feront l’objet d’un examen strict.
Le même jour, quatre associations industrielles officielles représentant les secteurs de l’automobile, des semi-conducteurs et de l’Internet ont demandé aux entreprises chinoises d’être prudentes dans l’achat de puces américaines et d’explorer des alternatives, chinoises ou de pays tiers. « Les puces américaines dans l’automobile ne sont plus fiables ni sûres », affirme un communiqué.
Liste noire
A quelques semaines de l’investiture, le 20 janvier, de Donald Trump à la présidence américaine, la Chine montre ainsi qu’elle n’hésite pas à surenchérir face aux restrictions croissantes mises en place aux Etats-Unis et aux efforts de découplage, surtout dans les secteurs sensibles. Lundi, les Etats-Unis avaient placé sur liste noire 140 entreprises chinoises accusées d’agir pour les intérêts du gouvernement chinois, avec une focalisation sur les micropuces et les outils permettant de les produire. Washington dit vouloir « entraver la capacité de la Chine à acquérir et produire les technologies nécessaires à sa modernisation militaire ».
L’administration américaine a semblé particulièrement inquiète en octobre de constater que, malgré l’interdiction d’exporter des puces de dernière génération vers la Chine posée au géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC, sous-traitant d’Apple et du leader dans l’intelligence artificielle Nvidia, le champion chinois des télécoms Huawei est parvenu à s’en procurer. Les Etats-Unis constatent également que Huawei et les fonderies chinoises auxquelles il fait appel montent rapidement en gamme, malgré les entraves.
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