La Chine éprise de vitesse ferroviaire

Le carrelage brillant, les rangées de fauteuils du grand hall d’attente, les panneaux d’affichage et les portiques de sécurité, tout est encore flambant neuf dans la gare centrale de Yibin, dans le Sichuan, dans l’ouest de la Chine. En ce mois de septembre, les 47 000 mètres ­carrés intérieurs tout comme les 12 000 mètres carrés d’esplanade, inaugurés en décembre 2023, sont toujours un peu vides. Il ne passe pour l’instant que quelques trains, un par heure et plutôt le matin, mais tout va s’accélérer avec la montée en puissance, dans les prochaines semaines, de la ligne à grande vitesse reliant la capitale du Sichuan, Chengdu, à la mégacité de Chongqing, dont une branche fait un détour par Yibin. A terme, la ligne atteindra également la tentaculaire capitale de la province du Yunnan, Kunming, à 850 kilomètres au sud de Chengdu.

Sur l’ampleur du trafic, le directeur de la gare de Yibin, Mou Ling, ne montre aucune inquiétude. La gare centrale de la ville accueille trois mille passagers par jour, mais ce sera bientôt dix mille. Cet homme, qui auparavant travaillait à la gestion des lignes dans un bureau, découvre les défis du management d’une gare : il coordonne les connexions de bus, gère les accès des livraisons, se prépare à la montée en rythme. Il se tourne vers la grande façade de verre et pointe l’immense chantier qui fait face à la gare. Des tours de béton sur lesquelles s’agitent des grues autour d’une longue canopée de métal.

« Il faut s’imaginer », lance Mou Ling. Quand tout sera terminé, l’an prochain, le quartier évoquera un corps de dragon, une forêt de bambous et la confluence de cours d’eau. Autant d’éléments symboliques de cette ville de deux millions d’habitants traversée par le fleuve Yangzi Jiang. Il y aura un espace culturel, une promenade plantée et, surtout, un vaste centre commercial, comme ceux de Pékin ou de Chengdu, ponctués de sorties de parking. Yibin est une ville qui veut exister.

Une promesse de développement pour la population

Ainsi va la vie du rail en Chine, vite, toujours plus vite. Selon le mode de développement à la chinoise, le Parti communiste se donne pour mission d’apporter en permanence à sa population de nouvelles infrastructures. « Les usagers veulent que ce soit efficace, que ce soit confortable, et que le progrès économique soit visible », pense savoir le directeur de la gare. Yibin possède ainsi non pas une, mais deux nouvelles gares depuis la fin 2023. Yibin centre, donc, et Yibin est, qui viennent s’ajouter à Yibin ouest, ouverte il y a déjà cinq ans, une éternité à l’heure chinoise. La ligne à grande vitesse desservira les trois gares.

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