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Quelques jours ont passé et nous commençons enfin à y voir clair dans le scandale suscité, de l’Algérie aux Etats-Unis, de la Russie à la Chine, et bien entendu en France même, par un certain moment de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) [vendredi 26 juillet].

Sous prétexte d’accuser la cérémonie de blasphémer le dernier repas du Christ, c’est en fait la visibilité LGBT [lesbienne, gay, bisexuelle, trans] qui a posé problème. On se doute bien que des pays comme l’Algérie n’ont pas coupé le signal parce que la religion catholique était critiquée. Cessons cette tartufferie.

La Cène, exceptionnelle fresque de Léonard de Vinci [1452-1519], n’a pas attendu Paris 2024 pour être imitée partout et en tous lieux : publicité, BD, films, et bien sûr par la peinture elle-même – Andy Warhol est allé jusqu’à y ajouter un logo de la marque de savon Dove.

La question du « désir déviant »

L’œuvre de Vinci en elle-même n’est pas dénuée de provocation : un apôtre majeur, Jean, n’est-il pas représenté juste à la droite du Christ sous des traits féminins ? Etait-il, comme l’écrit l’Evangile, « le disciple que Jésus aimait » ? Tous les détournements de la Cène, depuis des décennies, ne posent aucun problème, ou si peu. Mais celle-là a fait vriller le monde entier, d’Elon Musk au duc d’Anjou. Pourquoi ? Quelle est au juste la vraie nature du scandale ?

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Il tient à un dévoilement. En consacrant lors d’une cérémonie des JO de longues minutes, sur la passerelle Debilly, à une visibilité LGBT décomplexée et heureuse, en figurant des drag-queens, des danseurs étoiles en bas résille, des DJ lesbiennes, et j’en passe, c’est la question du « désir déviant » dans le sport qui a été ouvertement posée – comme jamais auparavant.

Oui, il y a beaucoup de personnes LGBT dans le sport, à tous les niveaux. Mais demandez autour de vous et demandez-vous : qui sont les sportifs LGBT que vous connaissez ? Peu, trop peu, en dépit du courage d’affirmation de ces personnes. Le sport, en France et à l’échelle mondiale, demeure, en lieu et place des armées, le dernier bastion du tabou LGBT.

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L’homophobie, par exemple, reste souvent la règle, spécialement dans certains sports collectifs. Ce printemps encore, plusieurs joueurs se sont fait porter pâle lors de la dernière journée de championnat de football, le 19 mai, dédiée au combat contre l’homophobie, car ils ne souhaitaient pas s’associer à la cause. On en est arrivé à un point où les applications de rencontre gay, comme Grindr, ont choisi de flouter le village olympique de Paris pour éviter les opérations d’outing de sportifs homosexuels qui avaient eu lieu lors des précédents JO.

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