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Histoires Web dimanche, octobre 13
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« Il est où, Lecornu ? » Gérald Darmanin cherche des yeux son ami Sébastien Lecornu. Le 29 septembre, à Tourcoing (Nord), où il fait sa rentrée, l’ex-ministre de l’intérieur fait glisser une boule sur le terrain de pétanque, avant de céder la place à ses ex-collègues du gouvernement, Gabriel Attal et Agnès Pannier-Runacher. « Et Lecornu ? Il joue pas, Lecornu ? », répète-t-il. Vêtu comme un prêtre – col roulé noir, pantalon de velours noir, veste en tweed – l’intéressé, qui se tient volontairement loin des caméras, est invisible. Alors que 700 casques bleus français, insérés dans la force onusienne de la Finul à la frontière entre Israël et le Liban, sont coincés sous le feu des raids de l’armée israélienne, le ministre de la défense ne tient pas à s’afficher, un dimanche, sur un terrain de boules.

Prudence et discrétion sont les deux clés de son exceptionnelle longévité au gouvernement. Plus jeune assistant parlementaire (en 2005, à 19 ans), plus jeune conseiller ministériel (au cabinet de Bruno Le Maire, en 2008), élu en 2015 plus jeune président du conseil départemental de l’Eure, puis l’un des plus jeunes du gouvernement d’Edouard Philippe, il est, à 38 ans, le seul ministre rescapé, alors qu’il est quasiment inconnu des Français. « Un exploit et une énigme », observe l’un de ses anciens collègues, qui s’interroge devant l’ascension fulgurante de ce macroniste d’adoption qui n’a rencontré le président qu’une fois nommé secrétaire d’Etat à l’écologie, le jour du premier conseil des ministres, en 2017. Sept ans plus tard, c’est Emmanuel Macron lui-même qui a tenu à le garder à la défense, contre l’avis de Michel Barnier, qui souhaitait renouveler les visages.

Sébastien Lecornu, qui a publié Vers la guerre ? (Plon, 288 p., 20 euros), a rejoint depuis longtemps le premier cercle du pouvoir. Associé à la plupart des conclaves politiques, il est un pilier du « boy’s club Elysée » – l’autre nom de la Cour, en macronie –, où l’on fomente des coups politiques devant un civet de chevreuil, tout en rivalisant d’imitations ou de répliques de Michel Audiard. Le ministre de la défense est régulièrement invité à dîner par le couple Macron, fin août, à Brégançon (Var). Ou pour un whisky nocturne à l’Elysée, où il retrouve ses complices Thierry Solère et Gérald Darmanin, deux autres transfuges de la droite, passés maîtres dans l’art de distraire leur « Raïs ». « Il a choisi un créneau : souffler à l’oreille du monarque », observe un macroniste, qui vante son absolue « loyauté ».

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