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Paradoxal de bout en bout. Tel était le concert proposé par l’Orchestre de Paris à la Philharmonie de Paris ce jeudi 31 octobre. Au pupitre, l’Ukrainien Kirill Karabits, chef du Bournemouth Symphony Orchestra, qui fait, à 47 ans, ses débuts avec la phalange parisienne. Au piano, une habituée de la salle, Khatia Buniatishvili, artiste dont la popularité médiatique est désormais proportionnelle à la virulence de ses détracteurs. Trop virtuose, trop extravertie, trop incarnée et surtout trop « physique » – comme si la musique n’avait que des oreilles. Fidèle à sa réputation glamour, la belle Franco-Géorgienne de 37 ans est entrée sur le plateau, épaules dénudées dans un long fourreau de velours noir à traîne, dont le buste ajusté s’ornait de trois gros nœuds de satin blanc en mode paquet-cadeau. Une ovation l’a accueillie tandis qu’elle distribuait des bisous à la salle.

Lire le portrait (2010) : Khatia Buniatishvili, pianiste à trop forte personnalité

La grande phrase reptilienne du piano à découvert qui ouvre le célèbre Concerto n° 2 de Sergueï Rachmaninov (Rach 2 pour les intimes), amarrée à ses basses, s’est propulsée de manière presque mécanique, sans mystère ni rebond, tandis que l’entrée de l’orchestre suscitait quelques minutes plus tard une sorte de confusion rythmique qui se rééquilibrera peu à peu. Il sera difficile de démêler si l’entente entre la soliste et le chef est aussi cordiale qu’affichée tant le discours musical s’avère en effet paradoxal, prenant telle direction, puis telle autre, sans que l’on sache réellement, en tout cas du côté du piano, où il va. Les facilités naturelles de la musicienne font parfois illusion, comme dans ces jolies échappées distillées dans l’aigu, mais le piano, lesté de résonances trop lourdes, manquant d’ardence et d’articulation, ne sonne pas et semble se noyer dans l’orchestre.

Le solo du flûtiste Vicens Prats accompagne le fameux « Andante sostenuto », dont le thème, est-il précisé dans le programme de salle, a été repris comme « échantillon » dans la chanson d’Eric Carmen, All by Myself, magnifiée par Céline Dion. « Toute seule », c’est un peu l’impression que donne la pianiste, dont le jeu atone semble dérouler une longue plaine d’ennui, embrumée d’un legato à couper au couteau. Tête soudainement renversée, c’est avec un aplomb fougueux que Khatia Buniatishvili lancera les hostilités du Finale. Impressionnante visuellement, avec cette façon bien à elle de laisser son corps ployer sous la caresse des sons. La cadence virtuose, prise à une allure que les restrictions de vitesse de circulation du périphérique tout proche ne permettraient pas, fera son effet.

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