Il est aux alentours de 10 h 30 sur l’avenue Moi, dans le centre-ville de Nairobi, au Kenya, quand retentit la détonation sèche des tirs lacrymogènes. Des voitures bâchées de police filent sans s’arrêter. Un voile de fumée s’élève. La foule des manifestants qui déambule depuis le début de la matinée dans le cœur de la capitale kényane se disperse au pas de course, trouvant refuge dans les rues mal pavées des alentours et les renfoncements des boutiques fermées.
Mercredi 25 juin, la jeunesse kényane est dans la rue. Nombreuse et bruyante, un an, jour pour jour, après la gigantesque manifestation au cours de laquelle des protestataires avaient envahi le Parlement kényan pour s’opposer à la loi de finances prévoyant de sévères hausses de prix et d’impôts. Le mouvement de 2024 s’était soldé par une soixantaine de morts et environ 80 disparus, possiblement enlevés par la police selon des organisations de défense de droits de l’homme. Des victimes en mémoire desquelles a été organisée la manifestation de 2025.
Pour marquer les commémorations, le hashtag #Justice4OurMashujaa (« justice pour nos héros ») est apparu sur les réseaux sociaux. Dans les rues de la capitale, ce mercredi, de nombreux manifestants défilaient en tenant à la main des roses blanches en signe de deuil. « Nous sommes là pour marcher en paix et commémorer nos soldats tués l’année dernière mais les policiers nous tirent déjà dessus », s’indigne Mary, une étudiante de 21 ans, piercing à la langue. A quelques mètres d’elle, un groupe de garçons aux visages barrés de masques hurlent : « Mwizi ! Mwizi ! » (« Voleur ! Voleur ! », en langue kiswahili).
Il vous reste 69.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.