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Il était évident que le rappeur Kendrick Lamar sortirait un album juste avant son probable couronnement, fin janvier 2025, aux Grammy Awards, les récompenses de la musique américaine, où il cumule sept nominations dont cinq pour une seule chanson, Not Like Us, un morceau destiné à écraser son rival, le Canadien Drake, jugé trop pop, trop édulcoré. Il ne pouvait laisser ses fans sur leur faim après cette diss track (chanson en forme d’attaque) qui a battu tous les records d’écoute en ligne dans le monde. On pouvait aussi s’attendre à un nouveau projet pour février 2025, avant la mi-temps du Super Bowl, la finale du championnat de football américain de la National Football League (NFL), où le kid de Compton doit assurer le spectacle. Mais personne n’attendait un sixième album si tôt.

Non content de déjouer tous les pronostics en publiant, dans l’après-midi du vendredi 22 novembre, GNX, une véritable lettre d’amour à la Californie, le petit génie du rap, le seul à avoir obtenu le prix Pulitzer, en 2018, ajoutait à la surprise générale douze morceaux dont onze coproduits par son acolyte Sounwave mais surtout par le producteur très en vue de la pop, Jack Antonoff, à qui l’on doit les récents albums de Taylor Swift, Lana Del Rey ou Sabrina Carpenter.

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Mais de pop, il en est très peu question dans ce disque qui commence par les envolées de la chanteuse mexicaine Deyra Barrera, une mariachi que Lamar avait repérée lors d’un match des Dodgers, l’équipe de baseball de Los Angeles. Celle qui accompagne les guitaristes et trompettistes a été invitée à chanter en studio, sans savoir qu’elle se retrouverait trois fois sur ce disque : au début de l’album pour le terrible Wacced Out Murals, en introduction de Reincarnated, un titre dédié à Tupac Shakur, l’idole de Kendrick Lamar qui lui-même avait rendu hommage à la communauté mexicaine dans son morceau To Live and Die in L.A., et en conclusion avec le titre Gloria.

Même les morceaux les plus tendres, les plus cool, sont de véritables bombes R’n’B, destinées aux dancefloors underground comme Luther, en hommage au crooner Luther Vandross, mort en 2005, en duo avec la chanteuse SZA ; Dodger Blue, une ballade funk sur les autoroutes de Los Angeles que les « gang members » de la ville vont assurément jouer sur le sound-system de leur voiture ; ou Peekaboo, qui commence par un sample soul des années 1970, Give Me a Helping Hand, de Little Beaver, l’un de ces récits que marmonnent les proxénètes de la ville en jouant avec les mots, leurs sonorités.

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