« Kaboul Chaos. Sous la menace des talibans », sur Canal+ Docs : le récit « à hauteur d’homme » de la chute de la capitale afghane

CANAL+ DOCS – SAMEDI 8 FÉVRIER À 14 H 45 – DOCUMENTAIRE

Certains destins individuels font écho à l’histoire collective, d’autres moins, même si leur témoignage peut revêtir un intérêt. C’est le sentiment qui domine devant le documentaire Kaboul Chaos. Sous la menace des talibans, inspiré du livre Les 15 jours qui ont fait basculer Kaboul (L’Observatoire, 2022), de David Martinon, ambassadeur de France dans la capitale afghane, en août 2021, lorsque les islamistes ont repris le pouvoir. Il relate, en grande partie du seul point de vue du diplomate français, selfies à l’appui, la chute d’un régime afghan tenu, pendant vingt ans, à bout de bras par les Etats-Unis et la communauté internationale.

Si ce traitement « à hauteur d’homme » rend fidèlement compte de la panique et de l’improvisation des chancelleries occidentales face à l’arrivée des mollahs qui venaient, pourtant, de négocier pendant plus de deux ans avec Washington, il ne facilite guère la compréhension d’un pays complexe dont le sort a basculé bien avant les quinze jours qui occupent ce film.

Pour autant, le récit du chaos de l’évacuation n’est pas sans intérêt et montre une facette du métier d’ambassadeur très éloignée de l’image compassée et du verbe policé que l’on associe aux diplomates de métier. La personnalité de David Martinon, qui aime s’affranchir d’un certain formalisme et ne boude pas non plus une certaine publicité, explique, sans doute, qu’il se soit plié avec autant de facilité à l’exercice.

Clairvoyance

Néanmoins, son goût de l’auto-mise en scène, qui en dérangera peut-être certains, ne doit pas masquer une certaine clairvoyance de l’intéressé sur le sort de ce pays dont l’avenir était scellé, dès février 2020, par l’accord de Doha entre les Etats-Unis et les talibans. Qualifié de traité de paix, il s’agissait, en réalité, d’un simple pacte permettant à l’armée américaine de se retirer en bon ordre. Si le principe du retour des islamistes afghans au pouvoir était acté, il restait à savoir quand, d’autant que planait le plus grand doute sur la capacité des troupes régulières afghanes à tenir sans l’appui occidental.

Face à cette incertitude, David Martinon a réagi en politique davantage qu’en diplomate. Là où ses collègues européens faisaient mine de croire que la République afghane tiendrait, il a anticipé la chute de Kaboul. Plus de 600 personnes, employés afghans travaillant pour des intérêts français et leurs familles, ont ainsi été évacuées par avion entre mai et juillet 2021.

Le 15 août 2021, lorsque les soldats talibans font irruption, il trouve refuge dans les locaux de Thales situés dans l’enceinte de l’aéroport de Kaboul. C’est de là qu’il pilotera le rapatriement de 2 805 autres civils afghans vers la France, avant de s’envoler, à son tour, le 27 août.