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Histoires Web dimanche, avril 20
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Les hausses exceptionnelles de droits de douane décidées récemment par Donald Trump ont suscité incompréhension, colère et vent de panique dans un monde habitué à la liberté commerciale depuis 1945, et plus encore depuis 1995 et la création de l’Organisation mondiale du commerce. Cependant, au regard du temps long, c’est bien plutôt le libre-échange qui est l’exception et la protection des économies nationales le phénomène le plus répandu.

Sans remonter à l’Antiquité, on rappellera que le protectionnisme est non seulement vu positivement mais même considéré comme indispensable à une industrie naissante à l’époque du mercantilisme colbertien du XVIIe siècle, de l’essor britannique du XVIIIsiècle ou de l’industrialisation allemande du premier XIXsiècle, au point que l’économiste allemand Friedrich List (1789-1846) le théorise avec une grande audience en 1841. Au cours du siècle suivant, protectionnisme et libre-échangisme s’affrontent à armes quasi égales avant que le premier ne soit durablement décrédibilisé par le recours qu’en font l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste.

Le débat du XIXe siècle est pourtant fort instructif. Ces derniers jours, nous avons entendu présenter Jules Méline (1838-1925) comme un précurseur de Donald Trump. L’homme, sur lequel un colloque à l’occasion du centenaire de sa mort se tiendra en novembre et décembre à Epinal – il est natif des Vosges et a présidé le département – et au ministère de l’agriculture – dont il est l’un des premiers titulaires en 1883 et l’un des plus marquants –, s’est illustré en 1892 et 1893 en proposant de rétablir des droits de douane élevés sur les produits de l’agriculture et de l’industrie de façon à protéger la production nationale.

Libéralisation des années 1860

Dans le contexte de la « grande dépression » qui frappe alors l’Europe, plusieurs pays augmentent leurs droits de douane. En France, Méline, président de la commission des douanes de la Chambre des députés, fait adopter une hausse allant de 15 % à 30 % selon les produits et les pays, les partenaires traditionnels de la France et ceux qui ont accepté de négocier avec elle étant moins touchés que les autres. Si ces taxes restent plus modestes que celles en vigueur en Allemagne ou aux Etats-Unis, Méline, devenu en 1896 président du Conseil, avec en sus le portefeuille de l’agriculture, augmente l’année suivante les droits à l’importation sur les céréales, le vin ou la viande, en cas de surproduction, par la loi dite « du cadenas ».

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