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Histoires Web dimanche, septembre 8
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Ce fut une parade comme savaient les mener les troupes de théâtre itinérantes, il y a des siècles, quand elles traversaient la ville, déployant décors et costumes, pour enfiévrer la foule avant la représentation. Ou à la manière de ces cirques en tournée qui défilent encore dans nos rues, saltimbanques en cavalcade, brûlant le pavé pour attirer les enfants jusqu’à leur chapiteau. Ce vendredi 26 juillet, à Paris, la Seine avaient ce charme-là pour la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques 2024, celui des cracheurs de feu, des funambules et des acrobates. Généralement cantonnée en un protocolaire tour de piste au pas cadencé, la succession des délégations internationales avait gagné un air de fête dans cette cérémonie hors norme, et hors des stades pour la première fois dans l’histoire des JO.

Glissant sur la Seine à bord d’embarcations énormes ou fragiles – toutes celles qu’on avait pu trouver sur le fleuve –, les athlètes ont dansé, agité leurs drapeaux, envoyé des baisers avec une bonne grâce désarmante : traverser Paris était une fête. Et autour d’eux, sur les quais et les ponts, la foule applaudissait avec un plaisir de gosse ce grand charivari de Jeux, malgré une pluie incessante menaçant sans cesse de tout noyer. Autour du fleuve, il y avait ce flot humain, cette houle frémissante de visages et de mains. Comment l’appeler ? Des supporteurs ? Un public ? Un peuple ou même plusieurs ? C’était tout cela à la fois, un spectacle en soi, qui avait, ce soir-là, une folle envie d’en être, d’y croire.

En cette journée particulière, la capitale s’est transformée en île dès l’aube. Une « attaque massive » – selon les termes de la SNCF – avait bloqué les trains sur une partie des lignes ferroviaires du pays. Personne n’arrive, personne ne part. Les festivités et leur organisation avaient par ailleurs contraint les autorités à limiter, puis à fermer tout à fait, l’espace aérien. D’un coup, voilà donc Paris centre du monde et seul au monde dans un splendide isolement.

De nombreuses patrouilles de sécurité circulent sur la Seine peu de temps avant le début de la cérémonie.
De larges files et un important dispositif policier encadrent les flux de spectateurs, verrouillant des quartiers entiers, proches des zones de la cérémonie.

A l’intérieur de la ville même, le dispositif policier bloque de larges quartiers, en particulier le long du fleuve, empêchant la circulation des voitures et parfois des piétons. Alors, d’un barrage à l’autre, on marche comme on peut. Seul, en groupe, en tribu, en délégation, en famille, mais on marche. La rue a pris des couleurs de drapeaux. Ils sont partout, aux fenêtres, sur les tee-shirts, dans les mains. Pas la peine de demander d’où vient chacun : voilà des Mexicains, des Brésiliens, des Américains, des Néo-Zélandais, la planète entière a rendez-vous au bord de l’eau. Plus loin circule une guerrière chinoise sortie d’un jeu vidéo, deux Anglaises en robe de bal, d’autres habillées comme des stars pour le tapis rouge. L’ambiance oscille entre une finale de foot et le Festival de Cannes.

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