JO 2024 : Gojira, la surprise metal de la cérémonie d’ouverture

L’apparition a eu un effet tonitruant. Calé entre les prestations plus attendues de Lady Gaga et d’Aya Nakamura, le groupe de metal français Gojira a dynamité la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris, vendredi 26 juillet.

Installés aux fenêtres de la Conciergerie, presque suspendus dans le vide, les quatre musiciens, associés à la chanteuse lyrique franco-suisse Marina Viotti, ont interprété le chant révolutionnaire français Ah ! Ça ira dans une version tout feu tout flamme, au sens propre comme au figuré. Leur prestation énergique avait été lancée par une Marie-Antoinette guillotinée dont le bâtiment parisien, devenu prison, fut la dernière demeure.

Le quatuor, originaire des Landes, est l’une des rares formations metal ou rock hexagonales à connaître un succès international. Adoubé notamment par Metallica et Slayer, monstres sacrés américains du metal, Gojira fait partie des poids lourds de cette scène, partageant son temps entre France et Etats-Unis. Les tournées mondiales du groupe français partent d’ailleurs de Los Angeles, en Californie.

Une ancienne chanteuse de metal

L’association avec Marina Viotti ne vient pas de nulle part. La mezzo-soprano, avant de briller dans le classique, fit partie de groupes de metal tels Soulmaker ou Lost Legacy.

« Je ne cherche absolument pas à faire un lien entre le metal et [le] classique, ce sont deux univers différents, qui m’apportent des choses différentes, et que je ne veux surtout pas mélanger », déclarait un jour, au magazine Guitare Live, celle qui a fait ses débuts à l’Opéra de Paris en 2023 sous les traits de Stéphano dans Roméo et Juliette de Gounod, mis en scène par Thomas Jolly, directeur artistique des JO de Paris.

La connexion entre les deux styles musicaux, qui peuvent sembler si différents, est une évidence pour les membres de Gojira, notamment les frères Joe et Mario Duplantier, respectivement chanteur-guitariste et batteur du groupe.

« Joe et moi, nous avons été initiés très tôt au classique, expliquait Mario dans un entretien au Monde en juin 2016. Dans la famille, il y avait un amour et une compréhension pour cette musique. Il y a un lien très fort entre le metal et la musique classique, par le côté solennel, grave, mais aussi l’attention portée sur des sujets existentialistes, la vie et la mort. »

« Le metal est plus enraciné dans le classique, alors que le rock vient plutôt du blues » abondait Joe. « En tant que musiciens, le metal, c’est aussi beaucoup de rigueur. Rien n’est dû au hasard dans le metal, c’est de la dentelle », continuait d’expliquer Mario.

Défense de la nature

Comme Sepultura, géant du metal brésilien, dont ils sont proches, les membres de Gojira insistent dans leurs textes sur la défense de la nature et de ses ressources. « On a grandi dans les Landes [sud-ouest de la France], on était tout le temps dans les bois, sur la plage, on a toujours été connectés au mystère et à la puissance de la nature », confiait Mario Duplantier à l’Agence France-Presse, en 2021. « De notre maison d’enfance, on entend les vagues quand elles sont grosses, quand il y a “du boulet”, on est au diapason de l’océan », ajoutait-il, avant que son frère Joe, à ses côtés, ne finisse la phrase : « On s’associe à l’océan pour s’en faire, à notre petit niveau, son porte-parole. »

Le clip d’Amazonia, morceau aux accents tribaux de leur septième album Fortitude sorti en 2021, met en scène des tribus indigènes. Les bénéfices générés par la chanson sont reversés à l’ONG The Articulation of Indigenous Peoples of Brazil (APIB), qui défend les tribus indigènes amazoniennes contre la déforestation.