La valse des préfets en Corse tient souvent à des faux pas ou à un changement de rythme politique. Le départ de Jérôme Filippini, annoncé mercredi 23 juillet en conseil des ministres, combine les deux situations, même si le principal intéressé objecte des « raisons personnelles ».
M. Filippini, qui revendiquait du bout des lèvres ses origines corses – avec un grand-père dont il porte le nom – était auparavant en poste à La Réunion. Il quitte le corps de la préfectorale pour rejoindre la Cour des comptes. « Ce n’est pas complètement un placard, mais c’est loin d’être une promotion », estime un fonctionnaire qui préfère conserver l’anonymat.
Une scène inédite résume à elle seule l’action de ce représentant de l’Etat qui ne sera resté dans l’île que neuf petits mois. Le 8 mars, à 15 heures, à l’appel de deux collectifs antimafia, 1 500 personnes défilent sur le cours Napoléon, l’artère principale d’Ajaccio, derrière une banderole « Assassini, mafiosi, fora ! » (Assassins, mafieux, dehors !). Le cortège marque une halte devant les grilles de la préfecture, où il est attendu par Jérôme Filippini, entouré par une escorte qui s’est faite discrète, tout comme les véhicules de police. A la surprise générale, le préfet Filippini, en costume cravate, monte sur le plateau d’une camionnette qui ouvre la marche et harangue au mégaphone la foule, appelant la société civile à réagir, tout en esquissant une autocritique dans la lutte contre le crime organisé.
Il vous reste 71.38% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.