« La politique ? Jamais de la vie ! » Quand Xavière Tiberi, au début des années 1960, apprend que son mari, jeune magistrat, a été repéré par un ténor gaulliste et va intégrer son équipe, elle est catégorique. La politique, cette fille de pâtissiers corses engagés à gauche en a jusqu’alors vu le mauvais côté : à Corte (Haute-Corse), sa ville, les radicaux-socialistes perdaient toujours. Pas question d’avancer dans cette voie. Le jeune couple s’y résout pourtant. Sa vie durant, Jean Tiberi ne fera même que de la politique, toujours en famille. Avec succès pendant longtemps, avant un retentissant échec final.
Ancien député, fugace secrétaire d’Etat et surtout maire de Paris, Jean Tiberi est mort à 90 ans, a annoncé mardi 27 mai la mairie du 5e arrondissement. La maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait savoir qu’en sa mémoire « les drapeaux de tous les équipements municipaux seront mis en berne et des registres seront ouverts à l’Hôtel de Ville (…) pour permettre aux Parisiennes et aux Parisiens de témoigner de leur affection ». Avec lui disparaît une figure de la vie politique parisienne, un peu pâle au regard de Jacques Chirac, à qui il avait succédé à l’Hôtel de Ville, comme de Bertrand Delanoë, qui a pris sa suite, mais à la longévité exceptionnelle. Une « carrière extraordinaire » pour un « individu ordinaire », résume l’universitaire Laurent Godmer dans l’ouvrage qu’il lui a consacré (Jean Tibéri, PUR, 2023). Condamné en 2013 pour avoir mis en place un vaste dispositif de fraude électorale, l’ancien maire restera comme l’incarnation d’une époque où la droite tenait Paris grâce, en partie, à du clientélisme et des méthodes interdites.
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