« Dès qu’il a paru, revenant du Vietnam au début des années 70, le prix Albert-Londres dans sa musette, nous comprîmes, nous, ses aînés, qu’il était le meilleur. » Jean Lacouture – l’auteur de ces lignes – voyait clair. Jean-Claude Guillebaud a été une grande plume du journalisme, de celles qui, par la magie des reportages au long cours, nourrissent les rêves, suscitent les vocations et orientent les vies. Mais il ne fut pas que cela. Il s’est éteint samedi 8 novembre, à l’âge de 81 ans, à Angoulême.
Il aurait pu ne pas être journaliste. Etudiant à Bordeaux, dans les années 1960, sa proximité intellectuelle avec le philosophe et historien Jacques Ellul (1912-1994) lui ouvrait les portes d’une carrière universitaire. Mais il fallait vivre. Les parents – un père général, gaulliste sourcilleux, une mère peu aimante, pied-noir, très « Algérie française » –, ont divorcé et se chamaillent par enfants interposés. D’un côté comme de l’autre, l’argent ne coule pas à flots. Devenir pigiste pour le quotidien régional Sud Ouest, et accessoirement pour Le Monde et Combat, permet au journaliste en herbe d’améliorer l’ordinaire.
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