« Nous croyons en la défense de la vie – celle de tous –, en la défense de la propriété – celle de tous –, en la liberté d’expression – pour tous –, en la liberté de culte – pour tous –, en la liberté de commerce – pour tous – et nous croyons aux gouvernements limités – tous. »
Cette phrase et les deux suivantes, prononcées par Javier Milei à la fin de son premier discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, le 24 septembre, n’est pas passée inaperçue aux fans de la série à succès The West Wing (A la Maison Blanche). Elles correspondent, quasiment mot pour mot, à un extrait d’un monologue du personnage interprété par Martin Sheen, le président Josiah Bartlet, dans la quatrième saison de la série américaine.
C’est le chroniqueur Carlos Pagni, du quotidien argentin La Nacion, qui a révélé le plagiat, attribué au puissant conseiller en communication de Javier Milei, Santiago Caputo, fan de la série diffusée entre 1999 et 2006, et qu’il aurait vue au moins sept fois.
Parterre médusé
Il y a quelque chose d’ironique dans la reprise quasi textuelle d’une tirade de cette série. L’acteur Martin Sheen y campe, certes, un économiste de formation, comme Javier Milei, mais surtout un président démocrate et progressiste, attaché à des valeurs qu’on classerait plutôt à gauche. A l’opposé de Javier Milei, dont le reste du discours à l’ONU tenait plus d’une diatribe d’extrême droite. L’organisation, a-t-il en effet regretté devant un parterre médusé, « s’est transformée en un Leviathan aux multiples tentacules », un « gouvernement supranational de bureaucrates internationaux ».
Pour le président libertarien, l’ONU, construite pour assurer la paix, impose désormais « une orientation socialiste » à ses membres. Il a surtout fustigé l’Agenda 2030 et le Pacte pour l’avenir, adopté deux jours plus tôt par l’Assemblée générale – l’Argentine s’en est « dissociée ». Ce dernier texte prétend « donner un nouvel élan » à l’accord de Paris sur le climat et à l’Agenda 2030, un plan d’action de 17 « objectifs de développement durable » approuvés en 2015 par les Etats membres de l’ONU. « Fin de la pauvreté », « santé et bien-être », « éducation de qualité », « égalité de genre », « action pour le climat » sont quelques-uns de ces objectifs.
« Agenda woke »
Des aberrations pour l’extrême droite, qui considère qu’il s’agit en réalité du projet d’une élite secrète et puissante pour imposer « un nouvel ordre mondial ». Pour les complotistes, l’objectif de réduction de la pauvreté n’est autre qu’un plan de réduction de la population, en promouvant l’avortement, l’éducation sexuelle, la contraception, en « organisant » des épidémies comme celle du coronavirus ou du VIH, ou encore en épandant sur les cultures des pesticides qui « féminisent » les hommes en faisant chuter leur taux de testostérone. Quant à l’objectif de l’égalité de genre, il n’est, bien entendu, qu’une façon de promouvoir « la transsexualité et la pédérastie ».
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