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Histoires Web mercredi, mars 19
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L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR

J’ai vu trois lumières noires, titre du premier long-métrage de Santiago Lozano Alvarez, renvoie à une expression poétique issue de la culture afro-colombienne : il s’agit de la transition entre les mondes des vivants et des morts, la lumière noire étant celle qui maintient vivace la mémoire des disparus.

Dans sa veine légèrement surréelle, ce film sélectionné à la Berlinale (Panorama) met en scène un septuagénaire, Don José de los Santos (Jesus Maria Mina), qui accomplit les rites funéraires au sein de sa communauté, hérités d’ancêtres africains, anciens esclaves. Alors qu’il vient de passer la nuit à veiller le corps d’un noyé, il a une vision : un jeune homme au bord de la rivière le regarde en marchant à reculons, signe de la mort prochaine de Don José. Celui-ci ne peut mourir près de sa maison. Il va devoir accomplir son dernier voyage à travers la jungle, défiant le couvre-feu imposé par les groupes armés. Chacun doit se méfier et n’est pas libre de parler.

Avec une douceur captivante, ce périple sensoriel, dans un territoire d’une stupéfiante beauté, immerge le spectateur dans la menace invisible de la guerre, nouvelle forme d’esclavage avec ses enlèvements, disparitions, mutilations. En chemin, au fil de rencontres réelles ou fantasmées (avec son fils défunt), Don José est confronté aux réminiscences d’êtres chers dont on n’avait plus de nouvelles. Autrefois, la mort prenait un sens libérateur. Mais aujourd’hui, « on ne peut plus prier. Avec tant de violences, les morts ne sont pas en paix », souligne-t-il.

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