Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, mai 21
Bulletin

Le mathématicien brésilien Jacob Palis est mort le 7 mai à Rio de Janeiro. Il a joué un rôle déterminant dans l’émergence d’une école de recherche mathématique d’exception au Brésil. Après un doctorat à Berkeley en 1968, il retourne dans son pays et mène une activité scientifique considérable à l’Institut de mathématiques pures et appliquées (IMPA), à Rio de Janeiro, qu’il dirige durant de nombreuses années et qu’il contribue à hisser au premier rang international. Personnalité charismatique, il forme de nombreux élèves brillants venus de toute l’Amérique du Sud.

Au fil des ans, ses collaborations avec la France se sont intensifiées, notamment avec Jean-Christophe Yoccoz (1957-2016), médaille Fields en 1994. Un laboratoire international du CNRS, hébergé à l’IMPA et portant le nom de Yoccoz, témoigne encore aujourd’hui de ces liens étroits ; Jacob Palis en fut l’ami fidèle.

Palis fut un leader mondial de la théorie du chaos. Un système qui évolue sous l’action de forces extérieures est qualifié de dynamique : cela vaut pour le mouvement des planètes comme pour celui d’un pendule, des courants marins, de l’atmosphère, ou de bien d’autres phénomènes. Pendant des siècles, mathématiciens et physiciens ont tenté d’expliquer ces mouvements en termes de cycles périodiques ou de combinaisons de cycles.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés L’aventure d’un village mathématique

Ce n’est que tardivement qu’on a pris conscience de l’existence, et peut-être même de la prépondérance, des dynamiques chaotiques : imprévisibles, bien que parfaitement déterministes. Ainsi le fameux « effet papillon » mis en lumière par [Edward] Lorenz, qui, en 1972, posait cette question restée célèbre : « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il déclencher une tornade au Texas ? »

Résultat éclatant

Dire qu’un phénomène est imprévisible ne saurait, bien sûr, satisfaire le scientifique qui cherche à comprendre : une théorie ne se construit pas sur un constat d’échec. Le but de la prévision n’est plus, par exemple, de déterminer la température qu’il fera à Paris le 21 mai 2035 – ce serait vain –, mais plutôt d’estimer des moyennes, des tendances, comme le nombre probable de jours de pluie au printemps 2035. L’espoir est que ces statistiques soient stables : insensibles aux infimes variations initiales, indifférentes aux battements d’ailes des papillons brésiliens.

Il vous reste 38.62% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.