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Histoires Web lundi, avril 28
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Non, Rhinocéros, d’Eugène Ionesco (Gallimard, 1959), n’a pas inspiré La Souris, d’Ivan Philippov. « J’ai même honte de le dire, mais je ne l’ai pas lu », soupire ce dernier. Le gros mammifère et le petit rongeur ont pourtant plus d’un trait en commun. Sous la plume du célèbre écrivain franco-roumain (1909-1994), le premier transmet une maladie qui transforme les êtres humains en rhinocéros grégaires et passifs – une métaphore burlesque pour dénoncer les effets du totalitarisme avant et après la seconde guerre mondiale. Echappé d’un laboratoire, le rongeur, lui, est à l’origine de l’effroyable diffusion d’un virus qui transforme les humains en zombies et ravage complètement Moscou – une autre métaphore, cette fois des conséquences de la propagande du Kremlin.

Parti sur les chemins de l’exil le 3 mars 2022, quelques jours après l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, Ivan Philippov s’est attelé à son roman fantastique dès l’été suivant, à Tbilissi, où il a d’abord trouvé refuge avec sa famille. Contacté par visio, il réside désormais pour sa plus grande joie à Berlin – « C’est ma ville ! », s’exclame-t-il. Né et ayant grandi à Moscou, diplômé de la faculté d’histoire de l’université d’Etat, cet homme de 42 ans, au visage fin orné de lunettes d’intello, reste pourtant profondément attaché à la capitale russe. Dans La Souris, il décrit avec passion, cartes à l’appui, les quartiers et les rues qu’il préfère, la place des Trois-Gares, l’avenue des Enthousiastes, le parc de Lefortovo (proche de son ancien domicile et de la prison bien connue des opposants), le quartier Tchistye Proudy ou bien encore le Musée Pouchkine… Avant de tout détruire.

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