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Histoires Web jeudi, septembre 19
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Lorsque le visage d’Anat Angrest apparaît sur les écrans géants installés dans le centre de Tel-Aviv, un frisson parcourt la foule qui n’a pu approcher de la scène où se tient le meeting organisé par le Forum des familles d’otages et de disparus. Une centaine de milliers de personnes remplissent les avenues du centre, samedi 14 septembre au soir, pour la grande manifestation hebdomadaire de fin de shabbat en faveur de la libération des otages détenus à Gaza. Celle-ci, depuis onze mois, se tenait à quelques centaines de mètres d’une autre manifestation, demandant la démission du gouvernement. Le regroupement massif de ce soir, au 344e jour de détention des otages est « unitaire » et réclame tout cela à la fois. Anat Angrest prend la parole et interpelle le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, lui demandant ce qu’il compte faire pour la libération des captifs. Mais aussi quel est le rôle de « [Itamar] Ben Gvir et [Bezalel] Smotrich », deux ministres d’extrême droite qui ont répété qu’ils s’opposaient à tout accord d’échange entre otages et prisonniers palestiniens, tant que le Hamas existerait, parce que cela signifierait, selon eux, une capitulation. Anat Angrest les traite de « frappadingues », la foule les hue.

Dans les manifestations, on appelle Anat Angrest « la lionne », en raison de sa combativité en faveur du « deal », seule chance à ses yeux de revoir en vie son fils Matan, soldat capturé le 7 octobre 2023, sur la base de Nahal Oz, alors qu’il était blessé. Ce soir, elle a pris la décision de faire diffuser un enregistrement de la voix de Matan, enregistrée en captivité. Le document est extrait d’une vidéo réalisée par le Hamas et retrouvée par l’armée israélienne à Gaza. A présent, une mère est là, stoïque, alors que résonne, dans les avenues noires de monde et bleues de drapeaux israéliens, la voix de son fils âgé de 21 ans. Des couples s’étreignent, des mains se serrent, des larmes coulent. Les otages sont en danger de mort, tous en ont pris une conscience aiguë le 31 août, lors de l’annonce de l’exécution de six otages par leurs geôliers du Hamas dans un tunnel dans le sud de Gaza, alors qu’approchait l’armée israélienne.

Du désespoir à la colère

Ce moment, Yoram Nissenboim, vétéran des manifestations, l’a vécu comme un coup de poing dans l’estomac. « On est passés du désespoir à la colère. C’est une bonne chose. Quand on est désespéré, on ne fait rien, on est terrassé. Quand on est en colère, on passe à l’action », dit-il. Dans la foulée de cet électrochoc, une manifestation ressemblant environ un demi-million de personnes s’était réunie à Tel-Aviv, en même temps que d’autres rassemblements dans le pays. Une digue avait cédé. Celle qui maintenait une frontière entre les manifestants en faveur du deal, et ceux réclamant la démission du gouvernement, alors que la plus importante des organisations, le Forum des familles d’otages et de disparus, avait mis depuis onze mois un point d’honneur à ne pas faire entrer la politique dans ses revendications. Ce soir, il n’y a donc plus qu’une mobilisation.

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