« Iris », sur Canal+ : une institutrice gaffeuse et attachante

CANAL+ – LUNDI 25 NOVEMBRE À 22 H 05 – SÉRIE

Les Britanniques l’appellent la « Messy Millennial Woman », les Français la surnomment « l’attachiante » (notez que ça fonctionne aussi au masculin). Doria Tillier donne aujourd’hui sa version de cette héroïne contemporaine que l’on a déjà souvent croisée sur petit écran, que ce soit sous les traits de Zooey Deschanel (New Girl), d’Aisling Bea (This Way Up) ou, il y a plus longtemps, de Calista Flockhart (Ally McBeal). Dans son incarnation d’une jeune femme légèrement déphasée avec le monde, Iris emprunte d’ailleurs à Fleabag et à Phoebe Waller-Bridge sa gravité, ce qui confère à la série, dans ses meilleurs moments, une épaisseur intéressante.

« J’aimerais bien que quelqu’un me fasse taire », confie cette trentenaire à l’honnêteté brutale, institutrice et aspirante autrice de livres pour enfants, en couple pépère avec un pianiste gentil mais fatigué par le mélange « de pragmatisme et de légère démence » d’Iris, qui la met en lutte avec tout le monde, tout le temps. Sa rencontre avec une éditrice en vue (Jeanne Balibar), qui lui propose de publier son manuscrit, agit comme un révélateur de sa capacité à s’adapter et à grandir. A moins qu’Iris ne se laisse un peu trop chambouler par les sentiments que lui inspire le mari de celle-ci, dans lequel elle reconnaît son rapport particulier au monde et aux gens.

Dans un format très ramassé – six épisodes de 25 minutes à peine –, Doria Tillier et sa coscénariste, Constance Verluca, réussissent à faire exister un personnage légèrement à contre-courant des stéréotypes féminins du moment : moins grande gueule, moins sexuelle, moins borderline que les autres, Iris cultive néanmoins un désordre intime propice à la fantaisie, aux frontières duquel s’épanouissent d’excellents seconds rôles – François Morel, irrésistible vieux beau, Pascale Arbillot ou encore Anaïde Rozam, la révélation de la série Culte.