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Il a promis que l’exécutif entrait dans une « nouvelle époque ». Après une première journée de consultations politiques, le nouveau premier ministre Michel Barnier a donné sa première interview après sa nomination à Matignon la veille, vendredi 6 septembre, au JT de « 20 heures » de TF1.

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L’ancien ministre de droite et négociateur du Brexit a justifié sa nomination par sa « capacité de négocier, de mettre des gens ensemble, de les respecter, de les écouter ». Chargé par Emmanuel Macron de « constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays », le Savoyard de 73 ans se sait déjà en sursis et va devoir trouver les bons équilibres pour ne pas tomber à la première motion de censure.

Il a assuré qu’il « respectait » les 11 millions d’électeurs du Rassemblement national (RN), dont dépend sa survie au Parlement mais qu’il n’avait « rien en commun ou pas grand-chose de commun avec les thèses ou les idéologies » du parti d’extrême droite. Le président de la République est accusé d’avoir placé M. Barnier sous la tutelle du parti d’extrême droite, qui a donné son accord implicite à sa nomination en affirmant qu’il ne le censurerait pas d’office, après avoir refusé celle de Bernard Cazeneuve puis de Xavier Bertrand.

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• « Amélioration » de la réforme sur les retraites

Interrogé sur la très controversée réforme des retraites adoptée l’an passé par 49.3, sur fond de forte mobilisation dans la rue contre le texte, le nouveau premier ministre a déclaré vouloir « ouvrir le débat » pour une « amélioration » de cette dernière.

« Je m’exprimerai devant l’Assemblée nationale et aussi au Sénat dans les prochaines semaines sur ce sujet qui est très grave. On ne va pas tout remettre en cause. Cette loi a été votée dans des conditions très difficiles. Elle a exigé des débats », a d’abord déclaré M. Barnier, avant d’ajouter : « Je vais ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles et je le ferai avec les partenaires sociaux ».

Partisan lors de la primaire des Républicains (LR) en 2021 d’un report de l’âge légal à 65 ans, M. Barnier s’est refusé à dire s’il reviendrait sur le décalage de 62 à 64 ans inscrit dans la réforme adoptée au forceps en 2023. « Ne me demandez pas de dire où nous allons aboutir. Je veux engager sur ce sujet une amélioration, mais en respectant le cadre budgétaire », a-t-il dit.

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Evoquant en creux le contexte d’adoption de loi, Michel Barnier a estimé « qu’on travaille mieux avec le Parlement, y compris dans les situations difficiles où nous sommes, qu’on doit respecter et prendre en compte les partenaires sociaux, les syndicats ». Tandis que la réforme de 2023 prévoit un relèvement progressif de l’âge à 64 ans, le Nouveau Front populaire (NFP), comme le Rassemblement national (RN) et les syndicats, veulent l’abroger pour revenir à 62 ans. Des voix socialistes ou centristes plaident plutôt pour rediscuter des paramètres. Le camp présidentiel et la droite appellent, eux, au « sérieux » budgétaire.

• Il ne « s’interdit pas » la proportionnelle

Concernant la vie des partis, Michel Barnier n’a pas exclu d’introduire la proportionnelle, qui permettrait de voter pour des listes et non plus au scrutin uninominal à deux tours.

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« Il n’y a pas de ligne rouge, je veux simplement que la Ve République (…) fonctionne bien, peut être mieux. Donc si la proportionnelle, en partie, est une solution, je ne me l’interdis pas », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Mais j’ai besoin de discuter avec tous les groupes politiques ». Ce mode de scrutin est réclamé par plusieurs partis, dont le RN, permettrait de former plus facilement des coalitions, selon certains responsables.

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• Ses priorités : immigration, travail, dette et services publics

Comme la veille lors de son discours de passation de pouvoir avec Gabriel Attal, Michel Barnier a fixé parmi ses priorités de « maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes », revaloriser le travail et ne pas augmenter la dette de la France. Le chef du gouvernement a également cité les services publics qui « sont aussi un besoin immense dans les quartiers urbains, mais dans les campagnes aussi », reprenant ainsi les grandes lignes du « pacte législatif » présenté par son parti LR en juillet. « Je pense aux déserts médicaux et je pense naturellement à la santé et au logement », a-t-il affirmé, ajoutant la dette écologique dans ses priorités.

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• Il ne « s’interdit pas plus de justice fiscale »

Interrogé sur le déficit public abyssal, qui devrait se creuser encore à 5,6 % du PIB cette année, le premier ministre a répondu : « Face à cette urgence, je ne m’interdis pas une plus grande justice fiscale ».

« Je vais [m’]efforcer, avec les différents ministres qui seront nommés, de mieux maîtriser, de mieux utiliser l’argent public et de m’appuyer sur des services publics, parce que nous avons besoin de services publics efficaces », a fait valoir M. Barnier. « Il y en a marre de faire des chèques en blanc sur les générations futures, à propos de l’écologie comme à propos des finances publiques », a-t-il résumé.

Avant d’ajouter : « Il faut aussi de la croissance, la croissance (…) elle ne tombe pas du ciel, elle ne vient pas de l’administration, elle vient des entreprises, petites grandes ou moyennes, des agriculteurs, des pêcheurs, de notre commerce extérieur, du rôle des Français de l’étranger (…), de nos départements et de nos régions d’outre mer ».

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• Affirmation de l’« indépendance » du gouvernement

« Le gouvernement est responsable, il y a une indépendance. Le gouvernement gouvernera et je le ferai en bonne intelligence avec le président de la République naturellement », a estimé Michel Barnier en fin d’entretien, après avoir été interrogé sur les liens qu’il allait entretenir avec le chef de l’Etat.

Après sept ans d’hyperprésidence, ponctuée par la défaite de son parti aux législatives en juillet, Emmanuel Macron a promis de se tenir plus en retrait et de ne plus superviser la politique gouvernementale. Michel Barnier, sans majorité absolue, sera sous la menace permanente d’une motion de censure du Rassemblement national, loin des périodes de cohabitation sous la Ve République.

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« J’ai connu des cohabitations difficiles quand j’étais un des ministres mais nous ne sommes pas dans cette situation-là », a concédé le premier ministre, l’Elysée esquissant de son côté une « coexistence exigeante ». Il a de nouveau promis de « nouvelles méthodes » de gouvernance, souhaitant marquer sa différence avec les gouvernements précédents.

Evoquant sa relation avec le président, Michel Barnier a admis avoir été en « opposition » mais avoir aussi voté « volontairement et sans problème pour lui au deuxième tour » en 2017 et 2022 face à Marine Le Pen. « On s’est opposé, on n’a pas toujours eu les mêmes idées. Il est le président de la République et j’ai du respect pour la fonction et pour l’homme », a-t-il tenu à ajouter.

Le Monde avec AFP

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