Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, janvier 8
Bulletin

Certaines photos et vidéos Instagram accompagnées de mots-clés liés aux communautés LGBTQ+ ont été filtrées automatiquement sur Instagram et ont vu leur visibilité réduite, à la suite d’une « erreur » technique de la part de Meta (la maison mère d’Instagram et Facebook). L’information, révélée lundi 6 janvier par la journaliste américaine Taylor Lorenz sur son site UserMag, a été confirmée mardi au Monde par Meta.

Pendant plusieurs mois, explique Taylor Lorenz, les images postées par les utilisateurs d’Instagram accompagnées de hashtags comme #lesbian, #bisexual, #gay, #trans, #queer, #nonbinary, #transwomen ou encore #lesbianpride ont été automatiquement traitées comme du « contenu sensible ». Et ce quel que soit le type d’images postées, alors que les « contenus sensibles » recouvrent habituellement, selon Instagram, les images qui affichent de « la violence », des images « sexuellement explicites ou suggestives », ou encore celles « qui encouragent l’utilisation de certains produits réglementés, tels que le tabac (…), les produits pour adultes, ou les médicaments ».

« Ces mots-clés et termes de recherche ont été restreints par erreur – et cette erreur est maintenant réparée », déclare au Monde un porte-parole de Meta. Le problème a concerné les utilisateurs d’Instagram du monde entier et n’était pas limité aux hashtags en anglais : les utilisateurs français d’Instagram qui postaient des images avec des mots-clés en français liés aux communautés LGBTQ+ ont aussi pu voir leurs contenus être considérés comme « sensibles », et donc voir leur diffusion restreinte.

Diffusion restreinte pour les adolescents

Concrètement, quand une vidéo ou une photo est considérée comme « sensible », elle ne disparaît pas d’Instagram mais s’avère plus difficile à trouver ou à voir. Les utilisateurs peuvent en effet choisir, dans les options de l’application sur iPhone et Android, s’ils veulent être confrontés à plus ou moins de « contenus sensibles » en naviguant sur le réseau social. Lorsqu’ils décident d’y être moins exposés, les images et vidéos catégorisées comme telles n’apparaissent pas « dans l’onglet “Explorer” d’Instagram », et pas non plus dans « la recherche, les reels, les commentaires, les comptes que vous pourriez vouloir suivre, les pages de hashtags et les recommandations dans votre fil », précise Meta.

Cela concernait notamment tous les comptes Instagram pour adolescents. Cette configuration, normalement obligatoire depuis septembre 2024 pour les jeunes âgés de 13 à 17 ans, applique par défaut le réglage le plus restrictif pour empêcher les plus jeunes de voir des « contenus sensibles ». Ils ne pouvaient donc pas accéder à certaines photos et vidéos, même bénignes, dès lors que celles-ci étaient postées avec des mots-clés LGBTQ+. Or Instagram est une plateforme fréquemment utilisée pour l’éducation à la sexualité et les questions de genre.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Sur Instagram, la nouvelle génération de l’éducation sexuelle

« Il est important pour nous que toutes les communautés se sentent en sécurité et bienvenues sur les applications Meta, et nous ne considérons pas, dans notre politique de contenus, que les mots LGBTQ+ sont sensibles », assure désormais au Monde un porte-parole de Meta.

Cet épisode malencontreux intervient alors que Mark Zuckerberg et les cadres du groupe font actuellement campagne pour rétablir, selon eux, davantage de « liberté d’expression » sur leurs plateformes. Le fondateur de Facebook et Instagram a annoncé, mardi 7 janvier, vouloir éviter des « erreurs » de modération de contenus en supprimant les vérifications menées par des organismes indépendants de fact-checking. Meta n’a pas évoqué, en revanche, les erreurs techniques de leurs propres plateformes qui empêchent la diffusion libre de contenus non problématiques, comme celle qui a touché Instagram ces derniers mois.

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.