Le ministère de l’intérieur a publié, jeudi 14 novembre, la dernière mouture de son rapport « Vécu et ressenti en matière de sécurité » (VRS), une enquête annuelle d’ampleur menée par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI). Hausse des discriminations, des vols de deux-roues motorisés et des violences physiques… La dernière édition propose une quantification de la délinquance en 2022, tel que rapportée par les victimes, avec une fragilité majeure : l’évolution des données entre 2022 et 2021 est fortement teintée par l’influence de la pandémie de Covid-19. « De nombreux indicateurs présentent des hausses statistiquement significatives dans un contexte où l’année 2021, marquée par les mesures prises lors de la crise sanitaire, est susceptible de constituer un point bas », souligne la cheffe du SSMSI, Christine Gonzalez-Demichel.
Grâce aux réponses de près de 110 000 personnes vivant en France, l’enquête VRS offre malgré tout un panorama pertinent de la délinquance subie et de l’insécurité ressentie, et permet d’inclure les potentielles infractions n’ayant pas fait l’objet de plainte. Ainsi, en matière d’atteintes aux biens, 3 736 000 personnes auraient subi un vol – ou une tentative de vol – visant leur voiture, en légère augmentation par rapport à 2021 (+ 7 %). Les vols – et tentatives de vol – contre les deux-roues motorisés ont, eux, connu une plus forte augmentation, de 33 %, le nombre de victimes passant de 190 000 à 252 000.
La plupart des atteintes aux personnes ont connu des évolutions trop faibles pour être significatives. Ce n’est pas le cas des discriminations, en forte croissance. Quelque 1 668 000 personnes auraient été victimes de discrimination en 2022, une augmentation de 52 % par rapport à l’année précédente. « Il est possible que cette augmentation soit en partie due aux possibilités plus limitées pour toute la population d’accéder à certains espaces publics lors de la crise sanitaire en 2021 », analysent les statisticiens de la place Beauvau. Parmi les causes des actes de discrimination, l’origine (réelle ou supposée) de la victime figurerait dans 47 % des cas. Suivent la couleur de peau (33 %), la religion (28 %) et le sexe (24 %).
Importantes disparités en fonction du sexe
Les autres formes d’atteintes aux personnes dont l’évolution se révèle significative sont les injures, passées de 2 051 000 à 2 210 000 cas, soit 8 % de hausse, et les violences physiques, hors vol, qui ont augmenté de 16 %, s’établissant en 2022 à 603 000 occurrences. Les violences sexuelles et conjugales n’ont pas connu d’évolution significative, et auraient représenté 1 464 000 cas pour les premières, 480 000 cas pour les secondes. Le service statistique constate d’ailleurs d’importantes disparités en fonction du sexe. Les principales victimes de menaces ou violences physiques hors vol se révèlent être des hommes (respectivement 58 % et 57 %). A l’inverse, les femmes constituent 85 % des victimes de violences sexuelles, 77 % des victimes de violences conjugales et 64 % des victimes de harcèlement moral.
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