Il y avait dans les années 1990 une série télévisée dont le générique commençait par ces paroles : « Toujours plus loin, plus fort, plus vite, jusqu’au bout de l’extrême limite ! » (désolée pour ceux qui l’auront dans la tête). Trente ans plus tard, c’est à cette phrase que l’on pense en observant le phénomène Inoxtag qui a gagné nos écrans depuis samedi 14 septembre.
A seulement 22 ans, le youtubeur qui porte ce pseudo – Inès Benazzouz de son vrai nom – a atteint l’extrême limite à plus d’un titre : celle des sommets, d’abord, puisqu’il est allé gravir la plus haute montagne de la planète, l’Everest, ainsi que celle du dépassement de soi, en relevant le défi au bout d’une seule année de préparation et sans aucune expérience préalable d’alpinisme. Mais ce natif de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), qui a accumulé plus de 8 millions d’abonnés sur YouTube en dix ans d’activité, est aussi allé aux confins du territoire numérique avec le documentaire retraçant son épopée, Kaizen.
Moins d’une semaine après sa mise en ligne, la vidéo cumulait déjà 25 millions de vues sur YouTube, soit « l’un des meilleurs lancements de l’histoire » en France, comme s’en est réjoui un porte-parole de la plate-forme auprès de l’Agence France-Presse. Le vidéaste est même allé au-delà du réseau social en présentant son documentaire pour une séance unique dans plusieurs cinémas de France qui ont fait salle comble pour l’occasion.
Au Grand Rex, à Paris, ont défilé devant les photographes des vedettes d’Internet (Michou, Cyprien, HugoDécrypte…) et du monde sportif (les nageurs Léon Marchand et Florent Manaudou et les jeunes pongistes Alexis et Félix Lebrun) venus assister à l’événement. Il y en aura même pour la télévision avec la diffusion du documentaire sur TF1 le 8 octobre à 23 h 30.
Production ultraléchée
L’histoire d’Inoxtag et de sa performance extrême illustre à bien des égards un mouvement engagé depuis un moment par des influenceurs sur Internet, qui consiste à aller toujours plus loin pour exister, se démarquer ou, plus prosaïquement, « faire des vues ». Une tendance qui en croise une autre, celle de la revanche de l’introverti d’Internet sur son corps et sur les autres ou, comme l’écrivait notre collègue Pauline Croquet en février, la « transformation du geek gringalet en mâle alpha ».
Non, le youtubeur n’est pas qu’un homme-tronc vissé dans un fauteuil de gameur avec un casque sur les oreilles en train de buter des ennemis dans des jeux vidéo, il a aussi des jambes. D’autres figures du monde numérique ont déjà voulu le prouver, à commencer par Mark Zuckerberg, le patron de Meta et fondateur de Facebook, qui a progressivement troqué ses sweats à capuche informes d’étudiant de Harvard pour des tenues de combat de jujitsu et de MMA, dévoilant au passage un nouveau corps musclé digne d’un grand sportif. En France, Squeezie a lui aussi opéré une mue du même ordre en passant de pilote de joystick de jeu vidéo à vrai pilote de course, allant jusqu’à créer sa propre course automobile.
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