Après deux jours d’intempéries et d’inondations, « l’épisode cévenol est terminé », annonce Météo-France, vendredi 18 octobre, dans son dernier bulletin. Plus aucun département ne se trouve vendredi matin en vigilance rouge pour des risques de crues ou de pluie-inondation ; dix départements restent concernés par une vigilance orange. « Quelques averses sont encore possibles, mais sans commune mesure avec l’épisode pluvieux des deux derniers jours », a précisé l’organisme. La vigilance orange pour crues est en vigueur vendredi matin dans cinq départements (Loire, Bouches-du-Rhône, Gard, Landes et Pyrénées-Atlantiques) tandis que celle pour pluie-inondation couvre cinq départements (Tarn-et-Garonne, Tarn, Gers, Haute-Garonne et Ariège).
« Près de trois mille sapeurs-pompiers, six hélicoptères de la sécurité civile et sept colonnes de renfort » sont toujours mobilisés pour assister les habitants confrontés aux intempéries, a déclaré vendredi sur Franceinfo le ministre délégué à la sécurité du quotidien, Nicolas Daragon. « Près de neuf cents personnes ont été évacuées » dans les départements touchés jeudi par les intempéries et « vingt-cinq personnes ont été hélitreuillées, [des personnes] qui étaient vraiment en danger immédiat », a précisé M. Daragon, ajoutant qu’il y avait eu « plus de 2 300 interventions ». Un chiffre confirmé par le premier ministre, Michel Barnier, qui a dit que la France n’avait pas connu « d’épisode cévenol d’une telle violence depuis quarante ans ». Le chef du gouvernement a appelé les pays de l’Union européenne à anticiper et à préparer « ensemble » ces crises climatiques, à l’issue d’une visite du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises, aux côtés du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau.
L’état de catastrophe naturelle sera déclenché « le plus vite possible », d’ici à « une dizaine de jours », dans les départements touchés par ces « pluies exceptionnelles », a assuré le ministre. Les précipitations, qui ont atteint jeudi jusqu’à 700 millimètres dans certaines zones de l’Ardèche, ont fait trois blessés légers en Auvergne-Rhône-Alpes. Dans la ville d’Annonay, traversée par deux rivières, les eaux sont montées brusquement dans la matinée quand le barrage du Ternay, au nord, a débordé. Le centre-ville a été fermé à la circulation, les écoles ont été évacuées et des personnes secourues par les pompiers.
Evacuations, routes coupées et trafic ferroviaire suspendu
Le scénario s’est répété dans tout le département, où tous les établissements scolaires resteront fermés vendredi, mais également le long du Gier, rivière qui coule dans les départements du Rhône et de la Loire. A Givors, au sud de Lyon, les secours ont évacué 180 habitants du quartier des Cornets, situé à proximité d’une digue endommagée, et 463 autres dans une zone commerciale. Deux centres d’accueil ont été ouverts sur la commune voisine de Grigny et une cinquantaine d’élèves et d’enseignants ont passé la nuit dans un lycée de la ville, selon la préfecture.
Dans la Loire, où deux ponts se sont déjà effondrés, la préfecture estime que « la situation va continuer à se dégrader » ces prochaines heures. La ministre de la transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, attendue dans la Loire et en Ardèche vendredi, a évoqué une situation « inédite par son ampleur ; 600 millimètres d’eau sur l’Ardèche, c’est du jamais-vu, de mémoire d’homme », et a lié « ces épisodes au dérèglement climatique ».
Ces trombes d’eau ont créé de fortes perturbations sur les réseaux électriques, avec encore quatre mille foyers « impactés » vendredi matin en Auvergne-Rhône-Alpes, selon Enedis, et dans les transports. Plusieurs routes départementales et nationales sont fermées à cause d’inondations ou d’éboulements, tout comme l’autoroute A47 entre Lyon et Saint-Etienne. Le trafic ferroviaire entre les deux villes a également été suspendu, de même que sur plusieurs lignes au nord-est de Toulouse. Les trains entre Les Arcs, Cannes, Nice, Monaco et Vintimille (en Italie) ne circulent plus depuis 17 h 30 jeudi, a fait savoir la SNCF.
En raison de la montée des eaux, près de neuf cents personnes ont dû être évacuées en Auvergne-Rhône-Alpes, selon la préfecture de région. A Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, une centaine de foyers situés au bord du Rhône ont également dû quitter leur domicile. Dans les Alpes-Maritimes, où mille cinquante pompiers étaient mobilisés, environ soixante-dix personnes ont quitté par précaution leur logement, essentiellement à Saint-Martin-Vésubie. Les campings situés en zone inondable ont également été évacués. En Haute-Loire, au Chambon-sur-Lignon, les écoles ont aussi été évacuées, quelques maisons sont inondées et du bétail a été emporté, a précisé le maire, Jean-Michel Eyraud. A Béziers, dans l’Hérault, la foudre est tombée sur le toit du conservatoire de musique, provoquant l’affaissement de la toiture.