Alors que la situation de « crise météorologique » a pris fin dans la région de Valence, en Espagne, l’agence météorologique espagnole (Aemet) a placé en alerte rouge, lundi 4 novembre, Barcelone et son agglomération, à 350 kilomètres plus au nord, où des pluies torrentielles ont commencé à tomber.
Dans la capitale de la Catalogne, la circulation des trains de banlieue a été suspendue et un comité de crise a été instauré à l’aéroport international de Barcelone-El Prat, où une quinzaine de vols ont été déroutés, selon les autorités.
Six jours après les terribles inondations qui ont fait au moins 217 morts − dont 213 dans la seule région de Valence, trois en Castille-La Manche et une en Andalousie −, la priorité reste la localisation des disparus. Le nombre de victimes pourrait encore augmenter, alors qu’un nombre non précisé d’habitants manquent toujours à l’appel et de nombreux parkings souterrains, totalement inondés, n’ont pas encore été totalement inspectés.
« Une terrible inconnue »
Les autorités sont particulièrement préoccupées par la situation du parking souterrain de Bonaire, un vaste centre commercial d’Aldaia, une commune de 31 000 habitants de la banlieue de Valence. D’une capacité de 5 700 places, dont près de la moitié en sous-sol, ce dernier est totalement inondé. « Le centre commercial est dévasté dans sa partie supérieure. Et en bas, c’est une terrible inconnue. Nous ne sommes pas sûrs de ce que nous allons trouver », a déclaré le maire d’Aldaia, Guillermo Lujan, sur la télévision publique TVE. « Nous voulons être prudents » mais « cela peut être terrible ».
Ces derniers jours, les effectifs de l’Unité militaire d’urgence (UME), qui interviennent lors de catastrophes naturelles, ont installé de nombreuses pompes pour commencer à évacuer l’eau. Des plongeurs ont réussi à pénétrer dans le souterrain, sans repérer de corps pour l’instant.
Dans les localités les plus touchées par les inondations, la colère et la détresse prédominent encore. De nombreuses rues restent obstruées par des piles de voitures, de boue et de déchets, et des foyers privés de téléphone ou d’électricité.
Impuissance et colère
Dimanche, ce sentiment d’impuissance s’est transformé en flot de colère lorsque le roi Felipe VI et la reine Letizia se sont rendus avec le premier ministre, Pedro Sanchez, et le président conservateur de la région de Valence, Carlos Mazon, à Paiporta, commune considérée comme l’épicentre de la tragédie. « Assassins ! », ont hurlé des habitants excédés. Certaines personnes ont jeté de la boue et divers objets sur le cortège, alors que fusaient les insultes à l’endroit du premier ministre et de M. Mazon, rapidement évacués par les services de sécurité.
Dans une tension extrême, les souverains ont reçu de la boue sur le visage et leurs vêtements, un épisode sans doute sans précédent dans l’histoire de la monarchie espagnole. Visiblement émus, mais impassibles, ils sont restés une heure pour parler aux résidents avant de repartir. Le ministre des transports, Oscar Puente, a reconnu à la télévision que ce déplacement n’avait peut-être pas été organisé au meilleur moment, admettant « une possible erreur ».
En raison du mauvais état des routes et d’une météo encore pluvieuse, les autorités ont maintenu lundi des restrictions de circulation sur plusieurs axes de la région de Valence, où les écoles resteront fermées toute la journée.