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C’est un très mauvais signal envoyé à l’industrie comme au climat. Le groupe sidérurgique ArcelorMittal a décidé de retarder son projet massif de décarbonation de son site de Dunkerque (Nord). L’information, révélée samedi 23 novembre par L’Usine nouvelle, a été confirmée par le ministre délégué à l’industrie, Marc Ferracci, qui y voit la conséquence de la crise actuelle de la production d’acier en Europe, « avec un niveau de demande et de prix atteignant un bas historique ». Une décision qui interroge sur la stratégie du géant mondial de l’acier alors que, parallèlement, a été confirmée, lundi 25 novembre, la fermeture de ses centres de services de Reims (Marne) et de Denain (Nord), qui emploient respectivement 112 et 24 personnes.

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Le recul d’ArcelorMittal à Dunkerque est symbolique car son site, qui abrite le plus haut fourneau d’Europe, est la vitrine de la politique française de décarbonation de l’industrie mise en place par le gouvernement. Ses 450 hectares s’inscrivent parmi les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES) pour lesquels leurs 32 groupes propriétaires – des cimentiers, des métallurgistes, des pétroliers, etc. – ont signé avec l’Etat, en novembre 2023, des « contrats de transition écologique ». Par ces feuilles de route non contraignantes, TotalEnergies, Lafarge-Holcim, Solvay, ArcelorMittal et d’autres se sont engagés il y a un an à réduire d’au moins 45 % leurs émissions de GES à l’horizon 2030 par rapport à 2015, et à atteindre la neutralité carbone en 2050.

A eux seuls, ces 50 sites représentent 12 % des émissions totales de GES en France, dont 3 % rien que pour l’aciérie dunkerquoise d’ArcelorMittal. Son chantier de décarbonation est donc crucial : il vise à construire deux fours électriques pour remplacer les actuels fours à charbon, ainsi qu’une unité de réduction directe de fer qui transformerait le minerai avec de l’hydrogène décarboné. Le montant total des investissements a été chiffré à 1,8 milliard d’euros par la multinationale, avec une aide de l’Etat promise de 850 millions d’euros issus des fonds du plan France 2030. Malgré ces crédits, ArcelorMittal juge donc non rentable pour le moment de se lancer dans ce projet.

Long et coûteux

Ce coup de frein pourrait-il refroidir d’autres industriels signataires de contrats de transition ? S’ils ont commencé à définir leur stratégie pour se décarboner, beaucoup attendent encore un engagement financier fort de l’Etat pour les accompagner dans ces investissements longs et coûteux. « Notre feuille de route compte quarante projets de décarbonation différents, à des stades variés de mise en œuvre », explique Maud Tarnot, la directrice chargée de la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de Lafarge-Holcim, qui souligne que « la sanctuarisation des crédits publics et leur lisibilité sur le long terme sont capitales pour les industriels ».

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