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Des milliers de personnes ont manifesté, lundi 1er septembre, dans plusieurs villes d’Indonésie et l’armée s’est déployée dans la capitale, Djakarta, après de violents troubles qui ont fait six morts ces derniers jours. De nouveaux rassemblements sont attendus dans la journée de mardi devant le Parlement, à l’appel, notamment, d’une coalition de groupes de femmes, qui avait annulé son appel la veille.

En outre, « après des recherches et des vérifications, vingt personnes restent introuvables », a déclaré la Commission pour les personnes disparues et les victimes de violences (KontraS). Cette organisation locale de défense des droits humains a précisé qu’elles ont été portées disparues à Bandung, à Djakarta et à Depok, une ville proche de la capitale, ainsi que dans un « lieu inconnu ».

Lundi, quelque 500 manifestants se sont rassemblés, en début d’après-midi devant le Parlement national à Djakarta, sous la surveillance de dizaines de soldats et de policiers avant de se disperser en début de soirée sans incident. Le président Prabowo Subianto avait averti peu avant que les manifestations devraient se terminer avant le coucher du soleil.

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A Gorontalo, sur l’île des Célèbes, des affrontements ont opposé des manifestants à la police, qui a riposté à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau, selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). A Bandung, sur l’île de Java, des manifestants ont lancé des cocktails Molotov et des pétards sur le bâtiment du conseil provincial. A Palembang, sur l’île de Sumatra, une manifestation a réuni plusieurs milliers de personnes. Des centaines d’autres se sont rassemblées à Banjarmassin, sur l’île de Bornéo, et à Yogyakarta, dans le centre du pays, selon des journalistes de l’AFP.

« Notre objectif principal est de réformer le Parlement. Nous espérons que [les députés] viendront nous rencontrer. Nous voulons leur parler directement », témoigne Nafta Keisya Kemalia, une étudiante, tout en s’interrogeant : « Veulent-ils attendre que la loi martiale soit instaurée ? »

Un moto-taxi et six manifestants tués

Les manifestations ont débuté le 25 août pour protester contre des indemnités de logement attribuées aux députés et considérées comme trop élevées. Ces mouvements, qui visent également à dénoncer les difficultés économiques rencontrées par la population, se sont exacerbés après la mort, jeudi, d’un chauffeur de moto-taxi écrasé par un véhicule de police à Djakarta. Une vidéo montrant le drame est ensuite devenue virale, attisant les tensions.

Les Nations unies (ONU) ont réclamé, lundi, l’ouverture d’enquêtes rapides, approfondies et transparentes sur la mort des six manifestants au cours de rassemblements violemment réprimés par les forces de l’ordre. « Nous suivons de près la vague de violences en Indonésie dans le contexte des manifestations au sujet des allocations parlementaires, des mesures d’austérité et de l’usage disproportionné de la force par les forces de l’ordre », a déclaré Ravina Shamdasani, du Bureau des droits de l’homme de l’ONU.

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Dimanche, le président Subianto a tenté de répondre aux revendications des manifestants, en annonçant la suppression d’une indemnité très décriée qui devait être versée aux députés. Lundi, il a rendu visite à des policiers blessés dans un hôpital, où il a stigmatisé les manifestants. « La loi prévoit que si vous voulez manifester, vous devez demander la permission, et la permission doit être accordée, et cela doit se terminer à 18 heures », a-t-il martelé.

Agus Wijayanto, chargé de la « responsabilité » au sein de la police nationale, a fait savoir qu’une enquête avait révélé des actes criminels commis par deux officiers, dont le conducteur de la camionnette qui avait percuté la moto-taxi. Au total, ce sont sept officiers qui ont été arrêtés. Les deux qui comparaîtront mercredi devant un tribunal d’éthique « pourraient être révoqués », a-t-il précisé.

Lundi, la police a installé des points de contrôle dans toute la capitale tandis que des militaires effectuaient des patrouilles et que des tireurs d’élite étaient déployés. Les rues de la métropole, habituellement encombrées, étaient plus calmes que d’habitude, de nombreuses entreprises et administrations ayant prié leurs employés de travailler à domicile.

Pillages

« Le gouvernement indonésien est un désastre. Le cabinet et le Parlement n’écoutent pas les appels du peuple », témoigne Suwardi, 60 ans, vendeur de snacks, près du Parlement, et qui comme beaucoup d’Indonésiens ne porte qu’un seul nom.

Aux incidents survenus lors de manifestations se sont ajoutés ces derniers jours des pillages de maisons de plusieurs députés et de la ministre des finances, Sri Mulyani Indrawati.

Ces manifestations sont les plus massives et les plus violentes depuis l’arrivée au pouvoir de Prabowo Subianto en octobre 2024. Les tensions l’ont forcé à annuler un déplacement officiel prévu cette semaine en Chine pour un défilé militaire commémorant la fin de la seconde guerre mondiale.

Samedi, la plateforme de réseaux sociaux TikTok a annoncé suspendre pour « quelques jours » sa fonctionnalité « live » en Indonésie, « en raison de l’escalade de la violence lors des manifestations ».

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Le Monde avec AFP

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