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Un ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump lors de son premier mandat, John Bolton, a été inculpé, jeudi 16 octobre, par un jury du Maryland, près de Washington, de 18 chefs d’accusation de divulgation ou de rétention de documents relevant de la défense nationale.

Après l’ancien directeur de la police fédérale (FBI) James Comey et la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James, John Bolton, 76 ans, est la troisième personnalité ciblée par le président américain à être inculpée depuis le retour du républicain à la Maison Blanche.

Il a passé dix-sept mois en tant que conseiller de Donald Trump, se heurtant à lui au sujet de l’Iran, de l’Afghanistan et de la Corée du Nord avant d’être limogé en 2019. M. Bolton avait publié, en juin 2020, un livre au vitriol sur cette période, décrivant le président comme « inapte » à diriger les Etats-Unis. La Maison Blanche avait tenté en vain de bloquer en justice sa publication, invoquant notamment des impératifs de sécurité nationale.

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« C’est un sale type, c’est dommage. Mais c’est comme ça », a réagi, jeudi, le président américain, interrogé par des journalistes sur cette inculpation. Donald Trump a maintes fois exprimé pendant la campagne électorale sa volonté, une fois revenu au pouvoir, de se venger de tous ceux qu’il considère comme des ennemis personnels.

« Intimider » ses adversaires

John Bolton nie tout acte répréhensible et affirme que les accusations font partie des « efforts de Trump pour intimider » ses adversaires. « Je suis désormais devenu la dernière cible en date de l’instrumentalisation du ministère de la justice visant à poursuivre ceux qu’il considère comme ses ennemis avec des accusations qui ont été rejetées auparavant ou en déformant les faits », s’est-il défendu dans un communiqué.

Il est reproché à John Bolton d’avoir « abusé de sa position de conseiller à la sécurité nationale en partageant plus d’un millier de pages de documents sur ses activités au quotidien » dans ces fonctions avec deux personnes de son entourage ne disposant pas d’une accréditation de sécurité. Ces deux personnes, non identifiées dans l’acte d’accusation, seraient son épouse et sa fille, rapportent des médias américains, dont CNN. Il aurait partagé ces informations confidentielles avec elles via ses messageries électroniques personnelles non sécurisées, selon l’acte d’accusation.

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Circonstance aggravante, en juillet 2021, un représentant de l’ex-conseiller à la sécurité nationale a informé le FBI que l’un des comptes de messagerie électronique qu’il utilisait avait été piraté après son départ du gouvernement par un hacker lié selon lui à l’Iran, pays envers lequel John Bolton prônait une ligne dure. Mais à aucun moment il n’a alerté les autorités sur le fait qu’il avait partagé sur ce compte « des informations relevant de la défense nationale, y compris des informations classifiées », soulignent les procureurs.

Par ailleurs, lors d’une perquisition en août au domicile de John Bolton, le FBI y a découvert des documents relevant de la défense nationale, selon l’accusation.

Pression publique sur la ministre de la justice

« Quiconque abuse d’une position de pouvoir pour mettre en péril notre sécurité nationale devra rendre des comptes. Personne n’est au-dessus de la loi », a réagi dans un communiqué la ministre de la justice, Pam Bondi, qui avait déjà commenté dans des termes similaires les inculpations de James Comey et Letitia James.

En septembre, Donald Trump avait publiquement fait pression sur Pam Bondi, s’étonnant sur sa plateforme Truth Social que James Comey, Letitia James et une autre de ses bêtes noires, le sénateur démocrate Adam Schiff, n’aient toujours pas été inculpés.

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Après avoir poussé à la démission Erik Siebert, le procureur du district est de Virginie, lui reprochant implicitement son manque de zèle pour engager ces poursuites, le président républicain l’avait aussitôt remplacé à ce poste stratégique par Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison Blanche. C’est cette dernière qui a personnellement lancé les poursuites ayant conduit à l’inculpation de James Comey le 25 septembre, puis de Letitia James le 9 octobre.

L’ancien directeur du FBI a plaidé non coupable d’entrave à une commission d’enquête parlementaire et fausses déclarations au Congrès en septembre 2020. Son avocat a annoncé qu’il introduirait des recours en annulation des poursuites, faisant valoir qu’elles étaient motivées par une volonté de vengeance.

Letitia James, accusée de déclaration mensongère dans une demande de prêt immobilier, a dénoncé des « représailles politiques » de la part de Donald Trump, qu’elle avait fait condamner à une amende de près d’un demi-milliard de dollars en février 2024.

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Le Monde avec AP et AFP

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