Un défaut dans la fabrication des batteries, ayant entraîné un court-circuit, est responsable de deux incendies de bus électriques fabriqués par le groupe Bolloré et exploités par la RATP en avril 2022, selon le rapport d’enquête publié mercredi 30 octobre.
Un autobus électrique Bluebus s’était embrasé dans le 13e arrondissement de la capitale le 29 avril 2022, quelques semaines après un autre incendie de bus, dans le 5e arrondissement. Ces deux incidents n’avaient pas fait de blessés. Après le deuxième sinistre, la RATP avait immédiatement retiré de la circulation, « par mesure de précaution », les 149 autobus électriques de la série produite par Blue Solutions, une société du groupe Bolloré.
« La cause directe la plus probable » des incendies est « un court-circuit » au niveau des cellules, à l’intérieur des batteries. « Les investigations réalisées ont montré que cette cause se situait au niveau du processus de fabrication des batteries », conclut le Bureau d’enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT).
Chaque bus est alimenté par six packs de batteries, chacun contenant neuf modules, eux-mêmes constitués d’un « empilement » de vingt cellules, isolées les unes des autres par des feuilles d’isolant. « Certaines feuilles » ont été « mal positionnées » en usine et ne permettaient pas d’isolation suffisante entre les cellules – un défaut qui n’a pas été détecté par le contrôle de qualité, explique le rapport, qui souligne que le fabricant avait lancé dès 2022 le rappel des bus concernés.
« Emballement thermique »
Les batteries utilisées dans ces bus sont des batteries solides lithium métal polymère (LMP), concurrentes des batteries lithium-ion les plus couramment utilisées pour les véhicules électriques. Elles ont subi un « emballement thermique », c’est-à-dire une réaction incontrôlée jusqu’à l’embrasement.
Le rapport d’enquête pointe aussi « un retard dans la définition des réglementations techniques appliquées » aux véhicules aux technologies novatrices. En l’occurrence, l’homologation n’impose aucun dispositif d’alerte du conducteur en cas de défaillance thermique des batteries. Et certains tests d’homologation prévus pour les batteries lithium-ion classiques, « notamment les essais de résistance au feu », ne s’appliquent pas pour la technologie LMP.
Le rapport recommande aussi, par exemple, de « doter la toiture » des bus électriques, dont les batteries sont installées dans la structure du toit, d’une « protection thermique » pour « garantir une » évacuation sécurisée des passagers.